Bonjour, c’est Julien.
J’aimerais ici vous partager deux idées qui me sont venues, ces dernières semaines, au cours d’échanges avec des responsables de rédactions, des formateurs spécialisés, mais aussi des observateurs avisés de la transition climatique des médias
👉 Première idée : le journalisme “climatique” n’est qu’une étape. La prochaine frontière, c’est de traiter toutes les limites planétaires dans une logique systémique. Et ça, la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique le rappelle bien.
Exemple : la biodiversité qui décline à un rythme alarmant ces dernières années. Les scientifiques de l’IPBES – appelé parfois le “GIEC de la biodiversité” – estiment ainsi que le rythme d’extinction des espèces n’a cessé de s’accélérer ces dernières décennies, comme l’a rappelé ce résumé à l’intention des décideurs publié en 2020.
Surpêche, déforestation, ou encore artificialisation des sols : les causes sont nombreuses et complexes à articuler entre elles, et il y a là aussi un véritable défi pour les médias qui souhaitent se hisser à la hauteur de cette urgence – il ne faut pas oublier que la richesse de la biodiversité rend la vie humaine possible.
👉 Seconde idée : la gravité de la situation nous impose de réfléchir à l’impact global de nos récits sur le “cadrage”du débat public, pour reprendre une expression du GIEC.
Le journalisme dit “de solutions” est en partie né de ce constat : on ne peut pas se contenter de documenter la catastrophe en cours, sans quoi nous risquons de voir des audiences se détourner des informations. Il est souhaitable de mettre en perspective des “initiatives qui apportent des réponses concrètes, reproductibles, à des problèmes de société.”
C’est une évidence, le journalisme dit “de solutions” est une méthode intéressante. Mais il faut aller au-delà et accompagner la transformation globale de nos sociétés qui vont de toute façon devoir “s’adapter”, comme le répète la climatologue Valérie Masson-Delmotte (sur Twitter ou au micro de Nabil Wakim).
Les médias sont concernés : il faut construire des réponses éditoriales adaptées à ce tournant écologique qui s’impose, et c’est la raison pour laquelle nous pensons, chez Samsa.fr, qu’il faut parvenir à construire un “journalisme d’adaptation”, autrement dit, un journalisme capable d’orienter ses pratiques, ses hiérarchies, ses formats, en fonction d’un horizon peu ordinaire, celui du temps long.
Pourquoi parler d’adaptation plutôt que de “solutions” ? Pour accompagner la nécessaire adaptation de nos sociétés à un réchauffement qui de toute façon est en cours (nul ne sait quelle est la trajectoire à venir du climat, en dépit des engagements) et qui va de facto éprouver nos vies, nos institutions, nos repères et nos imaginaires.
L’urgence nous impose donc de construire un journalisme d’adaptation en prise avec cette transformation globale face à un phénomène historique complexe, et pas seulement réduit au souffle (souvent trop) court de l’actualité.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire cet article “séminal” publié en février dernier par Wolfgang Blau, cofondateur de l’Oxford Climate Journalism Network.
Si vous avez des questions sur “l’adaptation” de votre média ou sur la construction d’un parcours de formation sur-mesure pour vos journalistes, écrivez-nous à l’adresse habituelle : contact@samsa.fr
Bonne semaine, à bientôt !
Julien Le Bot
Responsable innovation de Samsa.fr