Gaël Hurlimann est l’un des principaux artisans de la mutation numérique du Temps en Suisse. A la tête de la rédaction pendant plus de 5 ans, il a impulsé l’innovation éditoriale en faisant évoluer le fonctionnement de l’équipe 80 journalistes et en développant l’abonnement numérique. Après avoir ouvert les portes du Temps à une fondation qui en est le nouvel actionnaire, Gaël Hurlimann quitte ce média pour rejoindre le groupe Ringier en charge des abonnements numériques. Des changements qui interviennent au moment où les initiatives se multiplient dans le paysage des médias en Suisse francophone.
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Gaël Hurlimann est le troisème invité du podcast « Les médias se mettent à table » proposé par Samsa.fr et Ginkio en partenariat avec Creatis. Co-rédacteur en chef du Temps pendant près de 6 ans, il a impulsé la transition numérique d’un média qui figure aujourd’hui parmi les plus innovants de l’espace francophone.
Interrogée par Marianne Rigaux et Philippe Couve de Samsa.fr, Jean-Baptiste Diebold de Ginkio et Elise Colette, spécialiste de la transformation numérique des médias, Gaël Hurlimann revient sur son parcours personnel dans les médias et hors des médias. Il revient sur les innovations éditoriales mises en place et la stratégie d’abonnement mise en oeuvre ces dernières années.
Posez vos questions à nos prochains invités
Gaël Hurlimann répond également à plusieurs questions que vous lui avez adressées sous forme de notes vocales via WhatsApp. Si vous voulez avoir la possibilité d’adresser vous aussi des questions à nos prochains invités, abonnez-vous à notre liste de diffusion.
Cet épisode a été enregistré le 10 décembre 2020 à distance et réalisé par Sylvain Pinot.
Gaël Hurlimann en quelques citations issues du podcast
Le rachat du Temps par la fondation Aventinus est “l’aboutissement d’un cycle”
“On avait lancé cette discussion avec ces fondations qui ont fini par racheter Le Temps. On était contents de la solution trouvée pour assurer la pérennité du titre […] j’ai mis quelques semaines pour voir que l’ambiance qui s’installait n’était pas celle avec lesquelles j’étais en accord”.
“On tendait vers l’holacratie, c’est à dire un système de gestion très décentralisé, avec une bonne partie des décisions qui se prenaient à l’échelle des journalistes, une reconfiguration en permanence des équipes.”
Pourquoi être allé solliciter des fondations ? “Le Temps est un média de qualité […] Et donc, on estimait jouer un grand rôle de service public en Suisse romande. C’est une activité qui n’a pas vocation à être rentable”.
Maintenant, “je vais m’occuper de la stratégie d’abonnement sur le web pour le groupe Ringier. Donc, principalement le Blick. Ce sera mon premier client interne”.
“On vit un moment incroyable en Suisse romande avec le rachat du Temps, avec la création du Blick en français, avec l’arrivée de Watson qui est un pure player alémanique qui débarque en langue française. Donc, il y aura beaucoup de mouvement, une émulation. Ça va être très intéressant”
“On n’a jamais le temps de se reposer et de se dire on a trouvé le Graal qu’il faut déjà se mettre en ordre de marche pour trouver d’autres recettes, les tester, les appliquer, les réviser, les laisser tomber ou les pérenniser.”
Les trois questions que Gaël Hurlimann pose à ses journalistes engagés dans la transformation numérique:
– quel tempo pour le contenu ?
– quel format ?
– quelle discussion avec l’audience ?
Quand on parle de transformation numérique avec les journalistes, “la première question qui obsède tout le monde, c’était la question de la rapidité.”
Il y des objectifs différents pour chaque contenu:
- toucher une large audience
- s’adresser aux abonnés
- gagner des prix de journalisme ou renforcer l’image du média
Dans le média, tout le monde doit comprendre quelle est l’intention du contenu.
“La transformation digitale, ce n’est pas un aboutissement. C’est un chemin sur lequel on est. On est en perpétuelle transformation, en perpétuelle recherche de cet équilibre qui dépend aussi totalement du modèle économique. “
“Je pense qu’on a tiré très, très loin les contenus à forte valeur ajoutée et c’est ça qui nous a valu un relativement bon succès en termes d’abonnements numériques”
La relation entre les médias et les GAFA ? “Je pense que c’est une relation qui est très proche de celle des GAFA entre eux. C’est une relation de “frenemy”. Donc, on est à la fois amis et ennemis. On peut se serrer la main sur un projet, sur un financement, sur une vision commune de tel aspect politique. Et puis, être totalement à l’opposé, prêt à se battre bec et ongles sur un autre aspect.”
“Je pense qu’il y aura 3 ans d’une guerre sans merci [pour les médias en Suisse romande]. Ça risque d’être 3 ans d’innovations éditoriales majeures. Chacun va devoir tenter des coups.”
“Les chiffres, j’estime que plus on peut les donner, plus l’équipe comprend les impératifs, mieux c’est pour eux, quand ils sont bons, quand ils ne sont pas bons, en toute transparence.”
“50% de l’audience du site du Temps en Suisse est française et donc c’est une audience qui est considérée comme inutile par la régie pub […] donc, il y a là un gisement qu’on n’exploite pas du tout”
“On n’a pas lancé de podcast avant d’avoir des outils de mesure d’audience relativement fiables.”
“Si je parle comme un pur manager, une partie de votre production éditoriale devrait être prise en charge par votre budget marketing. Mais, ça, c’est un tabou absolu […] le contenu est pourtant le premier moyen de vous faire connaître et d’aller chercher des nouveaux clients”
“On a à peu près 40%des abonnés qui sont des abonnés purement numériques et dans les abonnés papier il y en a 26% qui utilisent régulièrement plus de deux fois par mois leur accès digital. “
“On a une durée moyenne de l’abonnement numérique qui s’approche de 6 mois.”
Les abonnements numériques du Temps, “C’est un peu plus de 25%”
« Les médias se mettent à table » est un podcast coproduit par Samsa.fr et Ginkio en partenariat avec la Résidence Créatis.