Vous n’avez pas pu y échapper. La folie MOOC est en train de gagner la planète web. Des cours en ligne avec des milliers de participants produits (souvent) par des organisations (universités, écoles, entreprises) prestigieuses. Sur fond de dématérialisation, de désintermédiation et de réduction espérée des coûts de formation, le phénomène prend chaque jour plus d’ampleur.
J’ai eu la chance récemment de participer en tant qu’intervenant à deux MOOC (« Massive online open course » ou CLOT pour parler français « cours en ligne ouverts à tous »).
- Digital, vivons-le ensemble (actuellement diffusé sur la plateforme Solerni lancée par Orange)
- Informer et communiquer sur les réseaux sociaux, lancé par Rue89 et qui est lancé ce 23 avril (inscriptions toujours possibles)
J’ai eu également le plaisir d’intervenir devant des formateurs de l’INA pour partager avec eux les possibilités quasi infinies de renouvellement de la pratique pédagogique à l’aide de tous les dispositifs en ligne.
De ces différentes expériences, et de celle —plus ancienne encore— baptisée Mondoblog que j’ai initiée à RFI en 2009 et qui a été développée formidablement depuis lors par Ziad Maalouf et Simon Decreuze, j’ai acquis la conviction que la formation en ligne ouvrait des perspectives formidables.
Seulement, ce sont aujourd’hui principalement des professionnels de l’enseignement et de la formation qui montent des MOOC. Des professionnels qualifiés, innovants mais dont le schéma d’origine est de s’adresser à des publics captifs (de la salle de formation ou de cours).
Or le MOOC change la donne (et le taux d’abandon en témoigne), il n’y a pas de public captif et les seules ressources du savoir-faire pédagogique ne peuvent pas tout.
C’est là que les compétences acquises par les médias (audiovisuels notamment) peuvent jouer un rôle important pour trouver des réponses à des questions comme:
• Comment capter et retenir l’attention d’une audience ?
• Comment rythmer une séquence qui s’adresse à un public souvent hétérogène ?
• Comment prendre la parole en vidéo ? En audio ?
• Etc, etc.
Après les enthousiasmes de l’émergence, les MOOC vont entrer dans l’ère de la maturité. Dans cette phase, ils auront tout intérêt à essayer de capter le savoir-faire des professionnels des médias pour devenir vraiment « massifs ». Vous ne croyez pas ?
Oh si Philippe, les concepteurs deMOCs ont besoin des professionnels des médias et… inversement ! Car aujourd’hui, tout le monde fait des MOOCs… France Télévision vient de lancer sa plateforme de MOOCs. Les musées font des MOOCs. Les… entreprises font des MOOCs. Chacun dispose d’une part du savoir-faire nécessaire au succès de ces nouveaux produits de formation, mais personne n’a la totalité. En tant que professionnelle de la formation, j’ai énormément à apprendre des journalistes, animateurs, spécialistes du marketing, etc. Mais quand je vois les MOOCs réalisés par des groupes qui ne sont pas familiers de la formation, j’ai souvent l’impression d’avoir reculé d’un siècle, en termes pédagogiques. Un peu de scénarisation, d’interactivité, une vague notion de ce qu’est un objectif pédagogique et des activités qui contribuent à l’atteindre… ne me semblent pas superflus. Le « courage » et la « bonne volonté » ne suffisent pas. Je pense donc que l’avenir des MOOCs réside dans le métissage de nos compétences. Nul ne sait ce qu’ils seront demain, ou dans 3 ans. Et tant mieux, parce que c’est nous qui allons leur donner vie :-)
Merci Christine pour le commentaire. Je crois effectivement aussi au croisement des compétences. Plus que jamais indispensable.