Le New York Times a décidé, depuis deux jours, de mettre en ligne quotidiennement une vidéo montrant sa conférence de rédaction. Ils appellent cela TimesCast.
L’idée est bonne, et elle m’a même semblé aller très loin lorsque j’ai lu les premières infos à ce sujet. Je me suis dit, voilà enfin un média qui a compris que le chemin de la reconquête passe par la restauration d’un lien de confiance avec l’audience. Et quoi de plus efficace pour renouer la confiance que de montrer qu’on n’a rien à cacher.
La directrice de publication Ann Derry assurait pourtant vouloir faire œuvre de transparence, assure le site Ecrans.fr
« Nous donnerons aux spectateurs un accès sans précédent au processus d’élaboration [du journal] ; ils verront les reporters et les rédacteurs en train de discuter des sujets sur lesquels ils travaillent, avant même que ceux-ci n’apparaissent dans nos pages ou en ligne ».
Seulement voilà, je suis déçu. Après avoir regardé les deux premiers numéros, le format semble plutôt être celui d’un clip destiné à vendre les sujets traités dans le journal papier ou sur le web. Et de la conférence de rédaction ne nous parviennent que quelques bribes montées en vidéo avant de longs entretiens avec les journalistes qui nous exposent les enjeux et le contexte de tel ou tel sujet de l’actualité. On est loin de la transparence affichée.
Reste que les caméras ont fait leur entrée sur une base quotidienne dans la salle de conférence. C’est un premier pas. Pour une transparence un peu plus poussée, il faudra attendre encore un peu. Mais, ça va venir.
En attendant, on notera que FedEx est le sponsor de ce programme vidéo quotidien de 6/8 minutes. «Le média, c’est la messagerie», dirait aujourd’hui Mc Luhan.
J'en ai touché un mot ici http://ow.ly/1q2Lr
Tout l’intérêt, à mon sens, réside justement dans le caractère protéiforme de ce « produit ». Il DOIT évoluer avec le temps, s’adapter au feedback, ne pas rentrer dans le moule d’un format télé . Il y a des questions sans réponse ? tant mieux ! ceux qui achèteront le journal les auront peut-être ! On ne sait pas si ça sera sur le web ou le papier ? Pas grave, on s’abonnera au compte Twitter ou au flux rss pour être alerté. Et si je loupe la réponse à cette question ou un développement d’une info que je voulais suivre, c’est que finalement elle ne m’intéressait pas tant que cela !
En ce qui me concerne, cette vidéo est même un chouia trop travaillée, trop propre (sans doute l’image « sérieuse » du NYT à ne pas torp écorner). Si j’avais l’occasion de m’essayer à l’exercice, j’imaginerais plutôt ça comme de la guerilla vidéo ! qui wachotte parce que je cavale derrière un journaliste qui part en reportage avec des bribes de conversation chopées à la volée dans un couloir :-)
Si je ne doute pas un seul instant que des questions du genre « et mon droit à l’image ? Et mon surplus de travail ? » ont dû survenir lors de la préparation de cette capsule, les moyens mis en oeuvre pour la réaliser n’ont certainement pas dépassé deux petites caméras, un laptop et quelques heures de travail pour un individu capable de s’en servir pour raconter une histoire. Un investissement, certes, mais amplement justifié et dont la rentabilité à long terme est à mon sens assurée.
Outre la reliance qu’il crée avec les utilisateurs (le feedback que la rédaction va pouvoir récolter par ce biais va être qualitativement très intéressant à analyser), l’objet lui-même est conçu comme faisant partie de l’offre du NYT (cfr. le pré-roll publicitaire)
A nouveau, ce n’est pas tant le support qui est important que la manière de l’utiliser pour adresser un message, et surtout l’intention qui guide cette action. La transparence a du bon, sauf quand elle n’est qu’un cache-sexe ou un faire-valoir…
Bonsoir Philippe,
pour info, moins sexy puisque sans video mais sans doute plus efficace : Rue89 propose à ses riverains de participer à la conf de rédaction via un module coveritlive. Info ici : http://www.rue89.com/participez-a-la-conference-d…