C’est un internaute (Abdoulaye Ibnou Seck) de l’Atelier des médias qui cite l’écrivain Michel Butor dans une question qu’il adresse à Bernard Poulet à propos de son livre « La fin des journaux ». En 1964, Butor se demandait si l’on ne serait en train de passer d’une civilisation du livre à une « civilisation de l’enregistrement« .
Je n’ai pas lu ce livre, mais, il y a un an, je me suis hasardé à faire une conférence sur l’impact de le révolution numérique sur le livre et la lecture chez les jeunes, à l’occasion de la foire du livre à Dakar; et l’idée fondamentale de mon propos reposait sur un constat évident que j’ai lu dans un texte de Michel Butor que je proposais à mes élèves en résumé de texte » le fait que le livre, tel que nous le connaissons aujourd’hui, ait rendu de grands services à l’esprit, n’implique nullement qu’il soit indispensable et irremplaçable. A une civilisation du livre pourrait fort bien succéder une civilisation de l’enregistrement. […] Convient-il de s’y tenir encore et pourquoi? « . Ce texte date de 1964.
La citation est extraite de Répertoire II (voir mention relevée par Google Books).
C’est peut-être cela aussi qui est en train de changer aussi dans l’écosystème de l’information: le passage de l’analyse à l’accumulation des enregistrements et des témoignages. Je sens qu’il y a là quelque chose d’assez profond sans parvenir vraiment à le formuler.
(à suivre, donc)
J'ai tendance à penser que les témoignages, par leur nombre, deviennent une forme d'analyse.
La compétence de l'expert (celui qui sait, celui qui était là et qui a vu, celui qui a vécu) fournit l'information et son analyse de cette information directement auprès du consommateur de l'information. Le danger, évidement, c'est de construire une vue partielle mais, comme vous le notez, il y a abondance de témoignage et donc la confrontation des points de vue et leur analyse se fait plus tard, au niveau du lecteur/auditeur.
Dans le passé, par faute d'une capacité à enregistrer et distribuer en grand nombre ces témoignages, on fournissait une synthèse.
Je ne porte pas de jugement de valeur mais je crois que, si l'analyse se fait moins en amont, elle a toujours lieu en aval.
Benoît,
Merci pour cette réflexion. On peut aussi se demander si l'analyse et le résumé n'étaient pas rendus nécessaire par la limitation des supports. Les possibilités de stockage étant désormais infinies (considérons-les comme telles), est-il nécessaire de résumer et d'analyser à l'ancienne ou bien faut-il recourir à d'autres outils et d'autres méthodes (analyse sémantique par exemple; méthode de sondages, etc…)
Je m'interroge.