Voyage au bout du charbon est un webdocumentaire diffusé par Le Monde.fr. Son sujet: les mines et les mineurs de charbon en Chine qui travaillent dans des conditions effroyables pour nourrir en énergie la croissance chinoise.
L’originalité de ce webdocumentaire est qu’il vous met à la place du journaliste chargé d’enquêter sur les mines chinoises. Vous vous retrouvez donc à suivre un guide qui tente de vous empêcher de poser des questions « génantes » aux mineurs et veut absolument vous inciter à ne poser des questions qu’au seul directeur.
Au fil du jeu vidéo reportage, vous visiterez un bidonville, vous circulerez dans un camion plein de charbon, vous assisterez à une répétition musicale dans un temple, vous descendrez au fond de la mine, vous serez repéré par des vigiles, vous rencontrerez le rescapé d’un coup de grisou, etc.
Au total, on passe beaucoup de temps (une vingtaine de minutes en moyenne, assurent les auteurs) sur ce webdocumentaire qui réussit son pari: nous faire découvrir et (virtuellement) partager la vie des mineurs chinois.
Les auteurs de ce webdocumentaire méritent d’être cités. A lire également leur interview.
Réalisateur : Samuel Bollendorff
Co-auteurs : Abel Ségrétin
et Grégoire Basdevant
Design Sonore : Frederic Blin
Developpement : 31Septembre
Guillaume Urjewicz / Remi Toffoli
Avec le soutien du CNC multimédia et de la SCAM.
Exceptionnel
Je dirai même plus: remarquable (sur le fond et la forme)
Brillant, plein de petites nouvelles idees, une tres belle scenarisation. On est a la limite du jeu vidéo en effet.
Génial ! Très bien fait. Y'en a d'autres ?
Ouais bon ok c'est beau, c'est nouveau, ça ressemble à ce que pourrait être le mode d'expression multimédia généralisé à venir mais… ce n'est pas du journalisme. Je suis désolé de faire le pénible mais les séances répétées devant le responsable du parti me posent problème:
– Qui est ce responsable du parti ? Il est où, de quel province ? Quand est-il intervenu ?
– le discours qu'on entend prononcé par ce responsable a-t-il été vraiment tenu par ce dernier ? On entend bien les différentes personnes rencontrées… mais ce discours caricatural des autorités, qui l'a prononcé ?
C'est génial ce documentaire, j'ai adoré. Mais attention, les impératifs de mise en scène ne doivent pas primer sur la précision des informations.
Ah et pis j'ai eu une sale journée, voilà…
Pierre,
Je vais recevoir les auteurs dans une prochaine édition de l'Atelier des médias. Les questions seront ouvertes.
Pierre,
J'ai été aussi comme toi interpellé par la présence à plusieurs reprise du personnage de l'administration. Déçu au début, je me suis fais l'hypothèse qu'il s'agit d'un parti pris destiné à faire comprendre qu'on a à faire une grosse administration centrale et dès qu'on s'écarte du droit chemin on revient toujours à elle et on reçoit toujours le même discours.
C'est une hypothèse, je n'en sais plus. A voir dans l'itw futur des auteurs.
Et sinon je me rajoute aux commentaires ci dessus : je trouve ça magnifique, pertinent et novateur.
Bonne soirée,
Pierre Morel
Oui, je comprends l'idée, et puis ça permet de "fermer" des chemins dans le déroulé du documentaire.
Mais je trouve qu'on touche ici aux limites de l'exercice. Je suis vieux jeu, peut-être, mais un documentaire d'information, ce n'est pas un jeu. Quand un journaliste est arrêté par des policiers, c'est une information et elle est grave. J'aurais bien aimé moi, savoir comment ils s'y sont pris les policiers pour "emmener" les journalistes en dehors des lieux où ils se trouvaient par exemple…
C'est le problème de la télévision: scénariser au maximum les histoires, pour en faire des films et s'assurer que l'audience reste scotchée à l'écran. Pour les besoins du "scénario", les journalistes télé (une bonne part disons) sont prêts à faire quelques entorses à l'information, à en omettre certaines, à zoomer sur d'autres. Il ne faudrait pas que le "multimedia storytelling" tombe dans les mêmes travers… Les études nous le montrent: les internautes veulent du vrai et du complet.
Alors guider avec une carte, oui. Mettre en scène avec de belles photos et du son, oui. Lier le tout par des informations et une chronologie, oui. Mais gaffe à ne pas se tromper de métier.
Voilà qui nous conduit sur la piste d'une réflexion intéressante: y a-t-il des limites à la recherche formelle? Si oui, où sont-elles? Faut-il commencer à mettre des limites dès la naissance d'un genre ou bien peut-on se permettre d'attendre un peu…
Samuel Bollendorff et son producteur m'ont expliqué que le reportage photo et sonore n'avait pas à l'origine été fait pour un format multimédia. D'où l'obligation de travestir un peu ce qu'ils ont vécu pour la scénarisation. C'est pour cette raison que la photo du policier se répète et que les voix ont été réenregistrées et ne sont pas celles des personnes prises en photo. Ils l'expliquent dans l'interview, selon eux ce procédé n'enlève rien à la véracité du webdocu.
Ils m'ont dit que le prochain webdocu qu'ils préparent sera scénarisé (en partie) à l'avance, ce qui devrait permettre d'éviter ce type de répétitions…
— Ils m’ont dit que le prochain webdocu qu’ils préparent sera scénarisé (en partie) à l’avance, ce qui devrait permettre d’éviter ce type de répétitions… —
ça m'inquiète moi ce genre de déclaration…
Pour info, les auteurs seront les invités de l'Atelier des médias pour l'émission du 5 décembre (question à leur poser et réflexions à leur soumettre sur le site de l'Atelier dans la semaine qui précède). Encore un peu de patience…
@Jean-Baptiste: merci pour ces infos, où puis-je voir ou écouter cette interview stp ?
Attention, je ne suis pas là pour faire un procès en journalisme à Bollendorf et ses compères (d'autant qu'avec un nom pareil, il a probablement de la famille en Alsace, faut que je me méfie). Je répète: ce web reportage est fantastique et s'ils arrivent à en produire un autre, alors tant mieux.
Mais moi je me place du côté du journalisme et de l'information, j'ai une méfiance épidermique face à la culture du spectacle. C'est ce qui m'énerve dans la télévision, j'aimerais pas voir les travers de l' "infotainement" arriver dans le multimédia. S'informer est un effort, ça demande de la concentration. Si ça peut être agréable aussi, tant mieux. Mais la forme ne doit pas, jamais, primer sur le fond.
Arg, j'avais pas vu le lien vers l'interview. Ben oui, ma vue baisse, les liens marrons, sur du texte noir… Bref.