Mikiane s’enthousiasme a propos d’Apture qui permet à tout un chacun d’éditer les pages web créées par d’autres. Cela m’a remis en mémoire l’interview que j’ai réalisée en juin dernier à Genève avec le co-inventeur du web, Robert Cailliau. Cette interview a été diffusée cet été sur RFI mais elle ne durait que 20 minutes et donc tout n’était pas dedans et notamment pas cette réponse de Robert Cailliau à la question (pas très originale): et si c’était à refaire?
Si c’était à refaire, il prendrait plus de temps pour développer un navigateur-éditeur qui permette de surfer ET modifier les pages web, comme le permettait le tout premier logiciel développé par Tim Berners-Lee et Robert Cailliau mais qui ne tournait que sur NeXT. La face du web en aurait été changée. Mais près de 20 ans plus tard, nous sommes peut-être en train de marcher sur les traces des précurseurs.
A vous de vous faire une idée (durée: 5 min. )
[Photo: Robert Cailliau dans le musée du CERN devant l’un des deux premiers serveurs sur lesquels est né le web / crédit: Philippe Couve]
Euh, si je ne m'abuse, la possibilité de modifier des articles ou des sites entiers cela existe depuis longtemps -à l'échelle temporelle du net…- c'est le wiki. Le problème -récurrent quand on parle de liberté totale- ce sont les abus et finalement on en revient (je parle d'expérience) au bon vieux système rigide rédacteur/lecteur… Contrairement à ce que laisse penser une certaine mode, ce qui compte dans l'information ce n'est pas d'en produire mais d'en avoir…
Je complète un peu mon propos. Si l'on regarde la situation actuelle et surtout à l'aune des grands espoirs théoriques d'il y a quelques mois, que voit on? En fait de web participatif, de soit disant 2.0 (!) on constate un appauvrissement de l'information accompagné d'une montée en flèche de ce qu'il faut bien reconnaitre comme un extraordinaire pollution par des commentaires de parti pris, souvent haineux, parfois racistes ou orduriers. La fiction de l'agora rassemblant des milliers (millions ?) d'hommes échangeant leurs idées n'est pas une utopie, c'est une impossibilité cruellement démentie, atterrissons. A cet égard, l'emballement de Mikiane s'il est touchant, n'en est pas moins une voie direct vers le mur (des lamentations, si j'ose ce mauvais jeu de mots). Un des exemple récents a été l'obligation de discipliner Wikipédia, c'était un problème de survie. Autre écueil dans ces envolées lyriques, c'est le niveau d'information; dans ce domaine, comparer Mme Michu (sans être péjoratif) et vous même, me parait pathétique.
Qu'il y ait un besoin de déverrouiller la relation rédacteurs/lecteurs est une chose, certes, mais prétendre transformer les lecteurs en rédacteurs me parait relever d'une pensée -pardonnez moi- dangereusement infantile, la même que j'avais à 25 ans en 68, depuis l'expérience et la vie m'ont cruellement prouvé que j'avais tort.