Paul Bradshaw pose une question iconoclaste sur son blog et dans une conversation qu’il engage sur Seesmic (en anglais dans les deux cas): a-t-on encore besoin de journalistes sortant des écoles avec une formation presse écrite?
Il se demande s’il est pertienent de former des étudiants pour industrie qui ne veut pas d’eux puisqu’elle licencie à tour de bras en ce moment (il cite les exemples des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne)
Et vous, qu’en pensez-vous? Se former à la presse écrite: une perte de temps ou la piste d’un avenir possible?
Presse écrite ou pas, il faut former des journalistes. Le support, on s'en cogne : ce ne sont que des techniques à adopter ensuite.
Il me paraît évident qu'il faille continuer à enseigner la presse écrite dans les écoles de journalisme.
Principalement pour deux raisons. L'écriture, est le ciment du journalisme. Que ce soit sur le Web, en radio, télé, ou papier.
Et la presse écrite n'est pas morte. La PQR et la presse spécialisée fonctionnent, pour le moment, pas si mal. Il serait dommage de se priver de journalistes bien formés dans ce domaine.
@ Cedric,
En estimant que le support n'a pas d'importance, tu confirmes qu'il faut s'interroger sur la nécessité d'une spécialisation "presse écrite". Enfin, il me semble.
Il ne me parait pas évident du tout au contraire.
On n'apprend pas à écrire comme on apprend à compter il ne s'agit pas d'une science exacte. Pourquoi pas des écoles d'écrivains? le ciment du journalisme, c'est l'écriture mais pas que. Un bon journaliste c'est aussi quelqu'un qui a le sens de ce dont il parle et qui ne débite pas des questions comme d'autres du jambon.
Si on veut que le journalisme soit moins formaté, les journalistes moins chiant et un peu plus iconoclastes, arrêtons de les chercher dans des fabriques à journaleux et laissons s'exprimer ceux qui ont le talent. Les bouts de papiers, les diplômes, les cartes de presses, autant d'accessoires inutiles et qui n'intéressent que l'égo desdits journalistes.
Albert londres n'a jamais eu besoin de passer par lille ou strasbourg.
et ras le bol des "formations" pour tout et n'importe quoi. On brime et on met dans des cases, c'est inutile, périmé et stupide, en particulier dans des professions de ce type. On n'apprend pas a avoir une bonne plume et à avoir une curiosité intellectuelle notamment. On l'aquiert, c'est tout à fait différent et c'est déjà trop tard à l'âge d'entamer des études.
@Juliette, ce que vous dites est juste. A partir du moment où on met des gens dans une école, ils sont formés, voire formatés.
Mais c'est un autre sujet …
Si on accepte qu'ils soient formés ainsi (ce qui peut être discuté …), on peut se poser la question de la nature de la formation. La question sur la presse écrite est pertinente, bien que je pense qu'il s'agisse d'un enseignement important, dans le cadre de ces écoles. On ne peut en faire l'économie.
à mon sens c'est l'enseignement en soit qui est à rejeté :) (et je parle en connaissance de cause) je connais des journalistes formés aux meilleures écoles mais qui n'ont pas une once d'originalité et procèdent tous suivant le même plan, avec les mêmes angles et les mêmes questions, tout est figé. Je connais d'autres personnes qui n'ont jamais eu ce genre de formation, qui n'ont donc pas l'homologation et ne sont pas "dans la bonne caste" (les journalistes aiment tellement se rengorger de l'être) et pour autant ils ont la connaissance et le talent, dont le style est différent et plus pêchu, ils se permettent une plus grande liberté. Pour autant certains journalistes sortis d'écoles sont loins d'être formatés, et certains qui n'en ont pas fait sont des merdes infâmes, mais l'idée même de débattre de l'intérêt d'une formation ou non me semble d'un autre âge et un poil snob (les journalistes parlent aux journalistes). On s'en fout, qu'on laisse s'exprimer ce qui ont du talent et qu'on remballe les formations inutiles (et coûteuses)
en tout cas il faut les former aux nouveaux médias ça c'est certain ! je suis Cédric :
certains journalistes en place voient le web comme un autre métier (et ils me le disent lors des formations que je leur donne)
pour ma part, je pense qu'on est journaliste et qu'ensuite seulement vient la question du support… c'est une technique mais pas le cœur du métier
@ Juliette
La formation n'est pas une garantie (de quoi que ce soit): ni du meilleur, ni même du pire.
Néanmoins, à partir du moment où on considère qu'il existe un métier (celui de journaliste), on peut considérer qu'il existe des moyens de l'apprendre, et la formation dans les écoles est l'un de ces moyens.
S'interroger sur le contenu de cette formation me paraît légitime même si je partage avec vous l'idée que ce sont moins des certitudes que des questionnements et des doutes qui doivent être enseignés.
je ne pense pas que chaque métier nécessite une formation, je ne suis pas sure qu'il soit obligatoire d'en passer par des règles prédéfinies pour arriver à exercer correctement un métier tel que celui-ci -entre autre.
Je ne veux pas dire que son enseignement est mauvais, mais simplement qu'il est inutile. ça n'est une garantie de rien, ni du meilleur ni du pire, mais en passer par une école de journalisme (ce que j'ai pourtant fait en son temps) est selon moi inutile ; le fait de la croire nécessaire (bcp de rédaction n'embauchent que des anciens élèves de telle ou telle école) est dommageable et restrictif.
former pour former, c'est très français : nous avons pour habitude de juger les compétences professionnelles en fonction des diplômes quand les anglos-saxons par exemple jugent plus sur pièce. Pourquoi a-t-on besoin de mettre ainsi les gens dans des cases bien hiérarchisées, qui a fait quelle école en quelle année, quelle spécialité, c'est un raisonnement définitivement trop cloisonné et étouffant à mon sens :)
Avant de s'interroger sur le contenu de ces formations, il me semble plus important de remettre en cause son utilité? Il me semble qu'il n'est pas nécessaire d'en passer par là pour apprendre à être un bon journaliste (en témoignent les siècles précédents ^^)
"La presse écrite au bord du précipice". C'est le patron de Ouest-France qui le dit.
Je pense que ces formations sont d'un autre temps. Le retard des écoles "reconnues" dans la connaissance du web est effrayante. On ne propose que trop rarement aux jeunes appartenant à ces écoles une réflexion sur ce que vont être les médias de demain ou alors dans des considérations obsolètes (et que dire de cette anecdote de Francis Pisani qui a avoué s'être retrouvé devant une promotion du CFJ dont aucun ne connaissait wikio…). L'école de la Rue du Louvre n'est pas prête de s'améliorer dans le domaine en laissant s'échapper Philippe Couve ;)
Une formation spécialisée en presse écrite ne me semble pas indispensable mais conseillée. En effet, si un futur journaliste se doit d'avoir un goût prononcé pour l'écriture, il pourra apprendre à développer son sens critique et de l'observation aux côtés d'autres futurs confrères. J'ai moi-même effectué une formation à l'IPJ de Paris dans le cadre d'un contrat de qualification et je ne pense pas avoir été formatée. Au contraire, l'idée a été d'éveiller nos différents sens afin d'être le plus objectif possible. Nous étions en contact permanent avec le terrain ce qui nous a permis d'acquérir une certaine réactivité. Ainsi, quand je lis des articles dans la presse quotidienne, je me dis que certains journalistes auraient dû fréquenter ces écoles !
La seule critique que je pourrais faire est de nous avoir dressé un tableau idyllique de la presse. Or, une fois en activité, la réalité est tout autre !
@juliette
Les écoles d'écrivains existent ma grande et ça s'appelle des ateliers d'écriture.
Malgré le ton "à fleur de peau" de tes posts je dois avouer que je te rejoins tout à fait sur un certain nombre de points :
L'école de journalisme n'est pas un passage obligatoire
Bonne formation n'égale pas bon journaliste
Historiquement nombre de journalistes (et parmi les plus grands) n'ont jamais reçu de formation
En revanche :
Le passage par une école peut aujourd'hui faciliter l'entrée dans les grands médias. Les jeunes embauchés au sein des grandes rédactions sont de plus en plus issus des écoles. Peu importe que cela soit justifié ou non, c'est un fait.
A l'heure du plurimédia le journaliste doit savoir manipuler le son, l'image et l'écrit. Indubitable qu'une formation permet d'accélérer le processus d'apprentissage de tous ces outils. Même si cela n'est pas indispensable.
Pour ce qui concerne plus spécifiquement la presse écrite, je ne pense pas qu'il soit moins important d'apprendre des techniques d'écriture, de se former à la déontologie journalistique, ou encore d'étre renseigné sur le fonctionnement actuel des journaux. En revanche il est toujours possible de tout apprendre par soi-même. Certaines personnes, comme toi, semblent le préférer. Cela ne fait pas des autres d'horribles personnes. Une petite chose appelé esprit critique et en laquelle je crois plus que tout te préservera toujours du formatage. Car je ne vois pas pourquoi quelqu'un qui arriverait à résister à l'endoctrinement de vingt années de pratique du métier ne serait pas capable d'endurer deux années de formation sans finir lobotomisé.
Quant à la situation actuelle de la presse écrite, je préfère inocemment la voir en mutation qu'en décrépitude. Insouciante jeunesse.