Un journaliste, ça sert à quoi? C’est la question centrale que posent les 2e Assises du journalisme qui vont se tenir à Lille à la fin du mois de mai. Si l’inspiration vous vient, n’hésitez à apporter votre réponse à la question.
Je précise que je serai présent à Lille à l’occasion de ces Assises. A la fois pour y enregistrer une émission de l’Atelier des médias et pour y animer un débat intitulé « Le labo de l’info: journalisme de participation, premier bilan »
Si vous y êtes aussi, faites-moi signe.
Mon strip blog qui débute.
Tiens, grâce à votre lien je découvre que Christophe Deloire, le grand investigateur du “Point”, a été nommé directeur du CFJ-Paris. Cela m'avait échappé.
Faut-il alors en déduire qu'un journaliste sert avant tout à recopier sans vergogne rapports de police, procès-verbaux et autres blancs de la DST ?
Ou bien à rédiger de subtils ouvrages – comme le magistral “Les Islamistes sont déjà là”, en 2004, chez Albin Michel, coécrit avec Christophe Dubois, le lyncheur en chef, au “Parisien”, du "bagagiste de Roissy” – visant à alimenter, à partir des mêmes fuites policières, judiciaires et barbouzardes, un salutaire choc des civilisations ?
Vous vous en tirez bien, Philippe ! Un débat plus haut et vous vous retrouviez Sarko-encerclé par le Sarko-embedded Ridet, la Sarko-conseillère Pégard, le-roi-du-SMS-sarkozyste Routier…
Un débat plus bas et vous n'aviez plus qu'à essorer votre chemise, toute trempée des postillons de JFK, pris sous le tir croisé triangulaire du mièvre commando Muhlmann-Morin-Agacinski(-Jospin) – sans parler de La Villardière, dont on se demande bien ce que serait sans lui le journalisme français.
Beau programme en vérité !
La question ne serait-elle pas plutôt : à quoi servent de tels débats consanguins, où les perpétuels invités des plateaux de télé viennent une fois de plus se prêter à un puéril jeu de rôles, tels des députés le mercredi faisant mine de s'opposer avant de s'en aller, bras dessus, bras dessous, se jeter un demi – hors caméras – à la buvette de l'Assemblée ?
Des débats, disent-ils. Aucune dissonance. Pas la moindre voix critique. Des journalistes se congratulant, dans le confort de leurs certitudes partagées, de servir à quelque chose, quand au-dehors les lecteur-auditeurs-téléspectateurs sont de plus en plus nombreux à savoir “qui” ils servent.
Alors, bien sûr, tout n'est pas à jeter dans cette série de tables rondes. Mais on se demande tout de même jusqu'où se perpétuera l'imposture de ces professionnels de la profession incapables de donner une place à la moindre parole non autorisée, extérieure au sérail.
Le journalisme “de participation”, comme vous l'appelez, est-il autre chose à leurs yeux qu'un commode exutoire pour canaliser la plèbe, qui se répandra en commentaires sous leurs glorieux articles – commentaires qu'ils ne liront jamais ?
Vous nous raconterez…
PS: Plutôt rigolo, ce strip. Je n'en trouve pas le crédit. Il est de vous ou bien dois-je d'urgence réviser mes classiques ? En tout cas ça nous change de Plantu-Cabu! ;)
Sam, je vous laisse juge de la qualité des différents "panels" constitués pour ces Assises du journalisme. Je ne parlerai que de celui dont je suis chargé d'assurer l'animation. Vous faites un procès en consanguinité qui, dans ce cas précis, me semble tomber à plat. Et je le dit d'autant plus facilement que je ne suis pour rien dans la composition du plateau qui débattra du journalisme participatif.
Qui sera là? Carlo Revelli, le héraut de ce que l'on ne nomme plus le "journalisme citoyen"; Mohamed Hamidi du Bondy blog; Benoît Raphaël, rédacteur en chef de LePost.fr qui développe une vision assez radicale du journalisme participatif; Matthieu Stefani de Citizenside qui collecte et revend des photo/video d'amateurs et enfin deux représentants de l'endogamie que vous dénoncez: Philippe Duley du Parisien et votre serviteur.
J'ajoute que dans ce panel, 3 intervenants sur 6 ne se revendiquent pas journalistes. On est assez loin de la buvette de l'assemblée.
Bonne journée
PS. Le strip n'est pas crédité puisqu'il est de moi.
Le débat que vous animerez échappait – implicitement – à ma critique, notamment pour les raisons que vous évoquez. Mais je constate que l'on fait débattre d'un côté, entre eux, les représentants des médias participatifs, au pedigree certes moins clanique et à l'approche plus ouverte – ceci pouvant, en partie, expliquer cela –, et que de l'autre on réunit pour la énième fois les T-Rex du Journalik Park, qui ont largement contribué à discréditer la profession et à faire que l'on se pose aujourd'hui une telle question: à quoi sert-elle?
C'est même amusant de constater qu'on ne mélange pas les torchons avec les serviettes. Les “pure players” lancés et animés par de “vrais” journalistes d'un côté (Rue89, Médiapart, Backchich), et les représentants du journalisme participatif – non orthodoxe – de l'autre (Bondy Blog, Agoravox…).
Pour le reste, je maintiens – en m'excusant de dénigrer sur votre blog certains de vos confrères – que les deux débats sur lesquels je m'exprimais dans mon commentaire réunissent un panel caricatural de ce que la profession compte de plus critiquable – pour des raisons diverses, largement documentées me semble-t-il.
Par ailleurs, l'endogamie dont je parle, je pensais l'avoir plus clairement exprimé, n'est pas tant liée à l'identité professionnelle de chaque participant (détient-il ou non la carte de presse ?) qu'à une certaine uniformité dans la manière d'envisager ce métier et de s'accorder sur une critique de ses manquements qui ne soit pas trop accentuée – au risque de contribuer à perpétuer lesdits manquements.
Cela se traduit notamment par l'absence de tout intervenant susceptible d'apporter un point de vue dissonant, voire un peu grinçant, en décortiquant les sérieux dysfonctionnements médiatiques qui ont abouti à susciter le discrédit de la profession auprès des non-journalistes. De quoi a-t-on si peur pour maintenir ainsi la porte hermétiquement fermée à une critique de fond ?
La – piètre, je l'avoue – métaphore de l'Assemblée s'appliquait plutôt à un Jean-François Kahn, par exemple, qui tient depuis vingt ans au moins, dès que ce genre de débats a lieu, le rôle du type qui n'est d'accord avec personne mais qui pourtant, dans la vraie vie, sert une soupe journalistique guère différente de ses confrères, même si elle est parfois légèrement plus relevée. C'est cela le jeu de rôles. N'y a-t-il pas dans ce pays des journalistes critiques (ou des critiques des dérives journalistiques) un peu plus “frais” et moins “consanguins” à qui l'on pourrait donner la parole en de telles occasions ?
Il est un principe qui, à mes yeux, devrait s'appliquer à tout débat de ce type : la nécessité que s'expriment des points de vue réellement contradictoires – et pas seulement complémentaires. Personnellement, j'ai un doute sur le fait que les organisateurs de cette série de tables rondes en aient eu le souci – et j'imaginais bien que vous n'étiez pas à l'origine de la composition des “panels”.
Mais, comme je vous le disais, je compte sur “l'Atelier des médias” pour me faire une opinion sur ce point a posteriori. Il y a une marge entre le scepticisme et le procès d'intention.
Je terminerai en vous disant que si je n'incluais pas “votre” table ronde dans mes critiques, ce n'est pas tant parce que la plupart des intervenants qui y prendront part ne sont pas des journalistes, mais parce que sur votre blog, ou sur Agoravox notamment, ce souci de la contradiction trouve à s'exprimer.
La meilleure preuve en est que peux rédiger ces lignes, les publier sur vos pages sans modération a priori, exprimer des points de vue qui ne sont pas forcément conformes aux vôtres, que vous les lisez, y répondez, que nous efforçons tous deux de demeurer courtois et attentifs aux arguments de l'autre, bref: que nous débattons.
Bonjour chez vous.
PS: Alors comme ça vous réalisez des strips! Et où peut-on en voir d'autres ?
Ben voilà, c'est dit. Rendez-vous donc dans l'Atelier des médias pour voir quelle réponse on peut apporter à la question: ça sert à quoi un journaliste?
Philippe
PS. C'est mon premier strip, et il doit beaucoup à stripgenerator
@ Philippe.
Bien que l'envie me démange – pour une fois – de reposter ici le petit texte que j'ai commis sur le forum des assises, je résisterai à la tentation. j'ai mieux à dire, je crois.
A mon grand regret, je ne serai pas à Lille. Je suis certain que les débats seront passionnants mais j'ai du travail à faire. De plus, j'aurais la désagréable impression, en tant que spectateur, d'être remis à la place où une partie de la profession voudrait nous cantonner, nous autres blogueurs et rédacteurs-du-dimanche : dans le panel du public qui regarde, admiratif et surtout muet les vrais professionnels nous dire la vérité.
le débat que vous allez animer sera, il est vrai, l'exception à la règle. mais sur ces trois jours, il y a tant d'autres débats, tant d'autres sujets sur lesquels les journalistes pourraient entendre un avis extérieur. Un avis d'ailleurs. Un avis en provenance de ceux qui, vous lisant, vous font vivre … (ouh là, propos polémique …. je crains)
Vous êtes vous même un peu une exception. Si vous êtes indéniablement un professionnel, vous gardez les yeux et l'esprit ouvert sur ce qui se passe au sein de votre profession.
Il en faudrait d'autres comme vous. Des gens qui acceptent de se pencher enfin sur les difficultés actuelles de ce métier de journaliste qui nous a offert les plus grands héros du 20eme siècle (pensez à Rouletabille, Tintin ou même Superman …). Des gens qui, aussi, admettent que la discussion, pour être vraiment productive, doit s'ouvrir aux autres. les lecteurs, les blogueurs, les gens tout simplement.
Ces assises sont un premier pas dans la bonne voie, selon moi. Mais, il reste tant de chemin à faire. j'espère vraiment que vous aurez le temps de le parcourir. Car l'urgence est là. malheureusement.
Manuel Atréide, sans carte de presse.
P.S. : vous avez un second fan de vos strips !
@ Manuel
Elles est très bien votre contribution sur le forum des Assises.
Si vous résistez à la démangeaison, moi pas.
J'espère que vous ne m'en voudrez pas d'en donner le lien.
http://assisesdujournalisme.com/index.php?option=…
J'ai tenté de m'inscrire sur le site mais le message d'acquittement n'était pas clair du tout.
J'ai l'impression que je devrai les contacter par téléphone pour vérifier.
La journée de vendredi s'annonce intéressante. Vous y êtes juste pour vendredi ?
Théoriquement, je serai à Lille dès e jeudi (si les grèves prévues ce jour-là me permettent d'arriver sur place)
Le journaliste sert à… cartographier l’activité humaine, au quotidien.