Après la polémique lancée en France par le rapport Tessier, le débat autour du label à attribuer ou non aux sites d’information de qualité, s’est éteint en France. Ce débat repart de l’autre côté de la Manche. Le patron de la Press Complaint Commission vient de réclamer la création d’un label de qualité permettant de distinguer les sites d’information délivrant des infos fiables et de qualité, de ceux qui proposent des articles fantaisistes, comme le rapporte journalism.co.uk
Addressing the Scottish Society of Editors last Friday, he acknowledged a « crying need to be able to distinguish between what is rubbish and what is quality, between what is fantasy and what reliable« , and held up the newly extended remit of the press code as a way of creating online quality control.
Bonjour Philippe,
quel est ton avis là dessus ? Pour ma part voici l'état de ma petite réflexion.
A priori, cela semble peu pertinent pour une principale raison : nous apposons, en tant que lecteurs, un degré de "fiabilité" de l'information en fonction du média sur lequel nous nous trouvons.
Quand je suis sur le site du Monde (ou de rfi…), j'applique une confiance disons maximale.
Quand je suis sur agoravox, j'applique une confiance minimale.
Plusieurs remarques ensuite :
1. un label ne fera pas une audience, surtout sur des marques déjà connues. Seul un contenu intelligent et adapté pourra attirer et fidéliser le lecteur.
Que des blogueurs se fassent sélectionner par des réseaux d'autres blogueurs pour gagner quelques visiteurs, d'accord. Mais pour des marques à la notoriété largement établie, je ne comprends pas.
2. on ne va pas chercher le même type d'information sur le site du monde que sur celui de rue89, agoravox ou lepost.fr.
Sur le premier on va chercher des confirmations, sur les seconds on va chercher des idées, de nouveaux angles, des histoires.
3. Il existe déjà un simili-label en ligne… le GESTE, que tu connais sans doute ( http://www.geste.fr/ ). D'ailleurs certains produits du geste sont intéressants, comme le lecteur de flux RSS. Les membres du GESTE placent parfois des petits logos en bas de leurs pages.
La question du label ne se pose pas tant sur les sites en eux meme mais plutot sur les rédacteurs non ? Car c'est un comportement que j'ai observé chez de nombreux lecteurs : lorsqu'ils sont sur un site à la fiabilité incertaine, ils vont se renseigner sur l'auteur du document (d'où peut être le taux de remplissage excellent des profils sur agoravox).
Du coup, plus qu'un label par média, on pourrait imaginer que les journalistes aient des pages "profils" qui permettent de juger de la fiabilité des infos. La fiabilité étant un critère très subjectif, cela ne me parait pas choquant, si ?
Mon avis sur le label est assez peu journalistique et plutôt marketing. Sur un marché, quand il existe une foule de produits et que le consommateur a un peu du mal à se repérer, les producteurs en viennent généralement à développer des labels (rouge ou autre) qui essayent de garantir les conditions dans lesquels la production a lieu (élevé en plein air, produit par des salariés de plus de 12 ans, sans pesticide, etc).
Le marché de l'information pourrait se trouver dans ce cas de figure, sauf que… Sauf que je me demande comment on va définir une grille de critères de production de l'information sur laquelle s'accorder. Je ne sais pas s'il existe beaucoup de travaux de réflexion sur le sujet (au GESTE ou ailleurs).
A défaut d'établir les critères d'une IOC (information d'origine contrôlée), on peut imaginer un label attribué par cooptation, mais je ne suis pas certain de la pertinence du dispositif aux yeux du public, mais ça me semblait une voie envisagée à demi-mot dans le rapport Tessier.
Voilà pour le label. Pour ce qui me concerne, je ne pense pas que l'essentiel soit là. Je crois que les médias doivent surtout ouvrir leurs cuisines et montrer comment ils travaillent. La qualité de l'info dépend largement des conditions dans lesquelles est produite.
La transparence, c'est la meilleure manière de restaurer la confiance, je crois. C'est ce que j'ai tenté de mettre en place dans le cadre de l'Atelier RFI notamment en livrant aux internautes les versions brutes des interviews.