La BBC (une fois encore) lance une expérience intéressante pour voir ce que les réseaux sociaux peuvent apporter au journalisme.
Trouvée sur Bivings report, l’info est intéressante à plus d’un titre. Un journaliste, le reporter Ben Hammersley, part couvrir la campagne électorale en vue des élections du mois de juillet en Turquie. Avec son équipe, il va alimenter BBC World (TV internationale), BBC World Service (radio internationale), BBC News 24 (TV tout info) and BBC News (web).
Parallèlement, il va également travailler sur son blog, sur Facebook, sur Twitter, sur YouTube, sur Flickr, et sur del.icio.us. L’une des idées que le journaliste met en avant est la suivante:
La majorité du contenu que nous allons produire en ligne sera hébergé sur des sites exterieurs [à la BBC]. Nous utilisons des services qui sont déjà très connus. En utilisant des outils externes nous sommes en mesure de faire des choses très intéressantes rapidement sans avoir besoin de longs temps de développement. Il s’agit de prendre part au web et non d’être une partie du web.
Ben Hammersley (qui n’est pas tout à fait un nouveau venu, ni sur le web, ni en matière de grand reportage) entend notamment montrer sur le web les coulisses de son travail sur le terrain.
Vue par Richard Sambrook, direteur de BBC Global News, l’expérience présente un autre intérêt:
Il s’agit de voir comment une série de reportages internationaux peuvent se diffuser via les réseaux sociaux et, nous l’espérons, atteindre de nouvelles audiences. Nous parlons beaucoup de la convergence mais nous voulons explorer ce que cela peut réellement vouloir dire dans le domaine du reportage international.
On peut légitimement se demander si le reporter dispose d’un outil particulier qui lui permet d’allonger la durée de ses journées tellement la charge de travail semble insurmontable. Mais on ne peut pas exclure qu’il parvienne à relever le défi qu’il s’est lancé.
Une chose est sûre en tout cas, l’exercice s’inscrit pleinement dans les objectifs décoiffants que la BBC envisage de se donner officiellement (version officieuse ici). Il s’agit de 15 principes pour le web (que je ne résiste pas au plaisir d’énumérer):
- Elaborer des productions web qui répondent aux attentes du public (anticiper les besoins en gestation et y répondre avec des productions qui fixent de nouvelles normes)
- Les très bons sites font une chose vraiment, vraiment bien (faire moins mais parfaitement)
- Ne pas tenter de tout faire soi-même (établir des liens vers des sites de grande qualité, utiliser les contenus d’autrui et des outils externes pour votre site)
- Aller de l’avant, vite (tenter de petites choses, multiplier les itérations, soutenir les réussites, laisser tomber les échecs, vite)
- Considérer le web comme un canevas créatif (ne pas restreindre sa créativité à son propre site)
- Le web est une conversation, y participer (adopter un ton détendu de conversation et reconnaître ses erreurs)
- Un site web se juge à se plus mauvaise page (adopter les meilleures pratiques éditoriales et les meilleurs process)
- S’assurer que tout le contenu dispose d’une adresse permanente vers laquelle des liens peuvent s’établir
- Se souvenir que Mamie n’utilisera jamais Second Life (elle viendra peut-être sur le web bientôt mais avecd es besoins différents des technophiles de la première heure)
- Maximiser les accès au contenu (développer autant d’agrégations de contenu que possible et optimiser le classement Google rank du site)
- Le design et la navigation ne doivent pas être les mêmes pour tous (les utilisateurs doivent savoir qu’ils sont sur l’un de vos sites même s’ils ne se ressemblent pas. Plus important encore, ils doivent savoir qu’ils ne se perdront pas)
- L’accessibilité n’est pas une option (les sites conçu en tenant compte, dès l’origine, des questions d’accessibilité fonctionnent mieux pour tous les utilisateurs)
- Laisser les gens copier votre contenu et le coller sur les murs de leurs maisons virtuelles (encourager les utilisateurs à emporter des éléments de votre contenu avec des liens qui ramènent vers votre site)
- Etablir des liens vers les discussions, ne pas chercher à les héberger (n’héberger que les discussions qui sont pertinentes sur son site)
- La personnalisation doit être discrète, élégante et transparente