NPR (National Public Radio) vient d’organiser en février une session de brainstorming sur son évolution 2.0. Le réseau de radio publique des Etats-Unis a réuni dans ses locaux de Washington DC la crème des blogueurs spécialistes des médias 2.0.
- Andy Carvin
- Jeff Jarvis
- Doc Searls
- Jay Rosen de NewAssignement.net
- Robert Paterson
- Euan Semple
- David Weinberger
- Zadi Diaz de Jetset
Au programme des discussions, quelle évolution pour la NPR à l’heure du deuxpointzéro?
Etat des lieux
Média traditionnel, s’il en est, la NPR traîne l’image paradoxale d’une chaîne chiante, vieillissante et de programmes de qualité souvent innovants. Sur le web, la NPR a développé une offre de podcasts très complète , elle propose les transcripts (payants) de la plupart de ses programmes et interviews, elle poursuit ses programmes-phares de forums (appelés « discussions » qui restent actifs pendant environ deux semaines), et elle a mis en place une page « submit ideas » sur laquelle les internautes peuvent suggérer des idées de reportages, d’émissions, etc. Last but not least, elle vient de lancer le blog Rough cuts (déjà évoqué ici) sur lequel les internautes peuvent participer à la conception de certaines émissions avant leur mise à l’antenne.La NPR estime que la structure de son audience est la suivante:
- PBS (l’équivalent télé de la NPR) est regardé par les plus de 60 ans
- NPR radio a des auditeurs cinquantenaires
- NPR web a des internautes quadragénaires
- NPR podcasts a des auditeurs trentenaires
Objectifs
Comme les autres médias, la NPR s’interroge sur les moyens de mieux répondre aux attentes du public dans une période d’évolution rapide des modes de consommation des médias.
Le braisnstorming
Comme le veut l’exercice, les idées fusent, le fil conducteur n’est pas toujours évident à trouver. Je mentionne ici les suggestions/constats/remarques qui ont retenu mon attention sans souci d’exhaustivité (pour aller plus loin, les liens nécessaires sont en bas de ce post)
- La NPR n’a pas besoin de construire une « communauté ». Cette « communauté » existe déjà. Ses auditeurs se reconnaissent dans ses valeurs (sérieux, qualité, débat). La question est de permettre aux membres cette « communauté » de partager ce qu’ils savent et ce qu’ils aiment.
- La NPR n’est déjà plus une radio tout comme les journaux ne sont plus du papier. Son activité ne doit plus être limitée par la pendule et la situation géographique des antennes émettrices.
- L’enjeu n’est plus de distribuer du contenu mais d’informer et de relier les gens (relation verticale et relation horizontale)
- La NPR est un réseau de radio locales (qui rediffusent une partie des programmes nationaux et qui ont leur propre production). C’est donc un réseau de réseaux.
- La NPR peut devenir une « confédération de réseau lâche » (loose network federation) en apposant sa marque sur des contenus produits par d’autres membres de la « communauté » NPR [A noter que c’est ce qui se passe déjà quand Le Monde héberge des blogs alimentés par des personnes extérieures au journal]
- La NPR doit partager son savoir-faire professionnel pour permettre la production par la communauté de contenus de qualité
- La NPR devrait mettre en ligne les rushes des reportages et des interviews pour que d’autres puissent y avoir accès (à l’image de ce que fait Frontline sur PBS) pour les rééditer et les republier
- La NPR peut travailler avec sa « communauté » sur le recueil d’informations. Par exemple dans le domaine de la démocratie locale en enregistrant les débats des différentes instances locales (du conseil de l’école au conseil municipal)
- La NPR devrait aider les stations affiliées à son réseau à produire de l’information hyperlocale
- La NPR doit considérer qu’il existe une relation inversement proportionnelle entre le contrôle qu’elle exerce sur ses productions et la confiance que lui accorde son audience.
- La NPR peut tester de nouveaux talents en ligne avant de les mettre à l’antenne
- La NPR doit penser « journalistes AVEC blogueurs » et non « journalistes CONTRE blogueurs »
Conclusion
La NPR n’a pas encore tiré de conclusion de ce brainstorming qui était destiné à alimenter sa réflexion
Remarques
Les experts consultés par la NPR dessinent un nouveau paysage. Ils demandent à la radio de prendre en compte ce qui fait sa véritable valeur ajoutée. Aujourd’hui, ce n’est plus dans la distribution du contenu (la diffusion) que se trouve cette valeur ajoutée, c’est dans la qualité des programmes réalisés et dans la confiance que son audience (sa « communauté ») lui témoigne.
Les possibilités du réseau ouvrent à la NPR deux axes d’évolution
étendre son réseau de collecte d’information
- partager son savoir-faire pour faire remonter de l’information de qualité
- collecter de l’information hyperlocale
permettre une mise en relation « horizontale » des membres de la communauté NPR
- proposer des outils permettant aux membres de la communauté de s’auto-organiser sur des projets bénéficiant du label NPR (débats, actions citoyennes, projets pédagogiques, etc)
Questions
Face à cette évolution envisagée, un certain nombre de questions restent en suspens
- Risque de dilution progressive de la « marque » NPR dans un « réseau lâche » (loose network)
- Quid de la responsabilité éditoriale sur des productions émanant de la « communauté » NPR
Pour en savoir plus sur la NPR
Les posts des blogueurs consultés par la NPR
Andy Carvin
présentation (texte)
compte rendu (texte)
compte rendu (texte)audio (1 heure) première partie
audio (1 heure) seconde partie
Doc Searls
Robert Paterson
David Weinberger
post (chercher ensuite à la date du 17 février)
Zadi Diaz
Euan Semple