Deux jours passés à Lille pour les 2e Assises internationales du journalisme: quel bilan?
Ben, ça va mal.
La seule occasion de sourire m’a été fournie par la contribution de l’historien Patrick Eveno à la question de l’année: à quoi sert un journaliste?
« Quelle question saugrenue : tout le monde sait qu’un journaliste sert à cirer les pompes de ses chefs, de son patron, des publicitaires, des hommes politiques et des chefs d’entreprise. Ce qui lui permet au passage de gagner maigrement sa vie. S’il est un peu aigri de cette situation, il s’en satisfait parce qu’il ne saurait pas faire grand-chose d’autre dans la vie réelle et parce que la fréquentation des puissants lui donne quelque importance auprès de son entourage. »
Pour le reste, ce sont le désarroi et la tentation du repli qui dominent.
Jean-François Kahn en décrivant les évolutions nécessaires dessine en creux la dérive d’une profession qui refuse encore de s’interroger véritablement sur elle-même.
- Leçon n°1 : « Adopter un style plus adapté aux lecteurs d’aujourd’hui (…) ».
- Leçon n°2 : « Aller sur le terrain. (…) Faire des reportages. (…)»
- Leçon n°3 : « Briser la structure féodale des rédactions (…)».
- Leçon n°4 : « Combattre le conformisme (…) »
- Leçon n°5 : « Rétablir une fraternité entre les journalistes (…)»
Le débat sur le service public et l’information de service public a été symptomatique à plus d’un titre. Face à des télespectateurs qui disent ne pas voir vraiment la différence entre le JT de France2 et celui de TF1, la réponse a été: « mais si, cette différence existe ». Dialogue de sourds.
Si le public ne voit pas la différence. Deux hypothèses: ou bien cette différence n’existe pas, ou bien elle ne se voit pas. Dans les deux cas, ça mérite de creuser un peu la question.
On retiendra que Rachid Arhab, membre du CSA, invite son ancienne maison (France Télévision) à créer les bases d’une chaîne d’info en continu alors que la tendance à l’info en continu (à la télé, en radio et sur le web) est sans doute à l’origine d’une partie des dérives et insuffisances actuelles de l’info. C’est mon avis.
Le débat intitulé « Sarkozy et nous » a montré que le chef de l’Etat restait le point focal apparemment indépassable de l’horizon journalistique. C’est une maladie, semble-t-il, qui a un nom: la sarkoze:
« La Sarkoze provoque une altération du sens commun qui conduit à parler sans cesse et sans discernement du dénommé Nicolas Sarkozy. »
Faut-il faire plus de Sarkozy? Moins? Autrement?
Oui, mais Sarkozy fait vendre.
Oui, mais Sarkozy fait peur.
Oui, mais Sarkozy fascine.
A la recherche d’une impossible distance vis-à-vis de son sujet de prédilection, la profession en oublie (comme tenta de le rappeler Jean-Marie Charon) que le sort de la France et de ses habitants ne se joue pas seulement à l’Elysée.
Figure emblématique de la Sarkozie journalistique, Philippe Ridet (Le Monde) glissa sans s’attarder qu’il était sur le point de raccrocher les crampons pour devenir correspondant à l’étranger. On sussura qu’il allait exercer ses talents auprès de Berlusconi désormais.
Il aura été question aussi des attaques récentes contre l’AFP pour qu’elle soit privatisée, cesse de « dysfonctionner » et crée un canon à communiqués de presse. Vu l’origine des attaques et leur concomittance au moment où l’agence est dans l’attente de la signature d’un contrat d’objectifs et de moyens de la part du gouvernement, on peut imaginer une offensive concertée contre la 2e agence mondiale.
Et alors?
Alors, pas grand chose.
Quelques heures auparavant, les journalistes italiens tout aussi à la dérive avouaient leurs remords de n’avoir pas vraiment bougé lorsque des attaques avaient été portées contre certains d’entre eux.
Fatalisme, auto-justification, découragement: dire que l’ambiance était morose serait encore enjoliver la situation.
Un atelier de travail sur la formation continue s’est perdu dans les méandres des procédures administratives et dans les questions de boutique sans jamais parler du contenu des formations nécessaires et tentant d’évacuer le fait qu’aujourd’hui c’est l’encadrement intermédiaire, des chefs de service aux rédacteurs en chef qui a le plus besoin de formation. C’est là que nichent les plus fortes résistances aux remises en cause et aux changements.
Des signes d’espoirs? De nouveaux médias sont nés. Rue89 est cité à tout bout de champ malgré la fragilité de l’entreprise. L’arbre qui cache la forêt en quelque sorte. Mediapart est mal parti si l’on en croit les étudiants de l’IPJ qui bloguaient ces Assises.
« Mediapart n’a pas gagné son pari. Le site n’est pas viable économiquement. Seuls 7 200 internautes ont souscrit un abonnement. »
Sur le site Edwy Plenel annonce l’ouverture des premières brêches dans le mur du payant qui ceinture Mediapart:
« nous avons décidé de laisser en accès libre certains des articles du journal, signalés comme l’est celui-ci par un petit soleil contenant un cadenas ouvert. Tous les visiteurs de Mediapart pourront les feuilleter pour se faire une idée du journalisme ici pratiqué. »
Bakchich surnage encore. Seul XXI lancé par Patrick de Saint-Exupéry et Laurent Beccaria peut faire figure de succès à ce jour tant sur le plan éditorial que commercial. Et que dit Saint-Ex ?
« Le lecteur existe, ce n’est pas une cible. »
Ah bon?
Il n’y a pas que l’info continue dans la vie?
Autre ferment de renouvellement potentiel, le journalisme participatif. J’ai animé le débat qui y était consacré donc je n’ai pas la meilleure position pour en rendre compte. Les étudiants de l’IPJ l’ont fait succintement. Pour ma part, je retiens qu’il est difficile de parler posément de ce sujet qui mèle actuellement plusieurs mouvements:
- la nouveauté introduite introduite par le web qui rend la contribution de l’audience possible et facile
- la dissémination des outils « journalistiques » au sein du public
- les contraintes économiques qui laissent imaginer dans certains cas le remplacement d’équipes de journalistes professionnels rémunérés par des « communautés » de journalistes amateurs bénévoles
Puisque tout change trop vite. Puisque demain ne sera pas comme aujourd’hui, il faut donc serrer les boulons et les rangs. C’est la tentation du repli.
Et hop, une charte de qualité en chantier
Et hop, un simili ordre professionnel en projet
Louables tentatives pour tenter d’ériger d’improbables murailles autour d’une profession qui par essence devrait rester ouverte, poreuse et en prise avec la société. Elle ne l’est pas.
C’est en ouvrant les coulisses, en montrant comment se font les choix, en accueillant le public dans la cuisine de l’info pour montrer que la tambouille n’a rien de honteux, c’est en faisant cela qu’on regagnera confiance et crédit. Accepter de montrer ce qui se passe, ce qui se dit dans une conférence de rédaction, c’est peut-être plus compliqué que de rédiger une nouvelle charte.
En tout cas, rendez-vous l’année prochaine pour ceux qui seront encore journalistes.
Salut Philippe, à mon grand regret je n'ai pas pu me déplacer pour ces journées. L'idée n'était pas d'y apprendre des choses révolutionnaires mais d'y sentir l'ambiance. Ton billet de blog vaut largement celui de la SNCF pour l'aller retour ! :)
Blague à part, c'était aussi triste que ça ?
Question 1 : n'y avait-il que des journalistes ? Par là j'entends : y-avait-il des annonceurs ? Des graphistes ? Des JRI ? Des photographes ?
Question 2 : tu es toi même journaliste. Tes idées et expériences que tu as sans doute soumises ont-elles été entendues ?
Si la réponse est "non" aux deux questions, alors c'est un drame qui se trame. Car les journalistes, à l'inverse des mineurs en leur temps, ne semblent même pas se battre pour essayer d'avancer. Leur défaitisme serait à ce point engagé ?
Cédric,
Je ne prétends pas à l'exhaustivité ni à l'objectivité. Je fais état de ce que j'ai retenu et ressenti.
D'autres ont sans doute perçu les choses différemment.
Pour ce qui concerne les participants, il s'agissait de beaucoup de journalistes de presse écrite, de personnes impliquées dans la formation (initiale ou continue) des journalistes, pour ce que j'en ai vu.
Quant à moi, je n'étais pas sur place en mission d'évangélisation mais le débat que j'ai animé sur le journalisme participatif me laisse penser que cette voie est assez loin d'être jugée très féconde par beaucoup de nos confrères.
PS. Si tu peux m'adresser un chèque correspondant au trajet Marseille-Lille en TGV, je t'en serai reconnaissant ;-)
Tous ces forums sur l'avenir du journalisme semblent témoigner de la même chose :
– la prise de conscience tardive par les journalistes que la situation est franchement grave pour cette profession : c'est une crise majeure.
– une grande difficulté à en analyser les causes et les conséquences au delà du superficiel (sortir de "la faute à…", "yaka, si on…")
– une sorte de paralysie, une stupeur, qui bride les énergies et l'imagination, et bloque toute réaction constructive (on en reste en permanence sur le mode dénonciation, lamentation, incantation).
Je reste toujours aussi étonné que la grande majorité des journalistes professionnels ne dialoguent qu'entre eux, et encore à un niveau de réflexion assez faible (sur le rôle d'internet par exemple), et bien rares sont ceux qui sortent du cercle pour aller au devant du monde, pour apprendre des autres et débattre avec eux.
Je ne m'explique pas le manque quasi total de curiosité de la plus grande partie de la profession au sujet d'internet comme un outil extraordinaire de diffusion de l'information (et aussi de récolte et d'échange), alors que ça semble le coeur de ce métier…
36.000 journalistes encartés, professionnels et techniciens de l'information… et quelques dizaines de journalistes-blogueurs seulement ! C'est un étrange paradoxe, non ?
Cher Philippe Couve,
Je vous conseille amicalement la lecture d'un texte d'Hannah Arendt, Vérité et Politique (1967, c'est dans Crise de la culture), que je tiens pour le manifeste philosophique de notre profession. Elle y distingue les "vérités de raison" et les "vérités de fait". Les premières (disons les vérités d'opinion) sont communes, raisonnables ou folles, de conviction ou de croyance, etc., et rien ne les menacera jamais. Les secondes, c'est une toute autre affaire: elles sont toujours en péril et il nous appartient, à nous journaliste, de les préserver.
Hélas, ce n'est pas toujours le cas. En l'espèce, vous énoncez, sans aucun travail de vérification, une vérité de raison/d'opinion: vous n'avez jamais cru à notre modèle, vous prenez un (mauvais et partial) compte rendu de mon intervention à Lille que vous n'avez pas écouté et vous concluez sans aucune précaution : victoire, ils vont mal et ils ouvrent les vannes du payant !
Désolé, mais vous avez tout faux. Sur les faits. Les faits d'aujourd'hui. L'avenir on verra, mais ce n'est pas notre métier à nous journaliste, prédire l'avenir. Nous ne sommes pas cartomanciens, et rendre compte du présent, des faits, précis, sourcés, recoupés, suffit bien à nous occuper.
Donc, je précise : nous avions en milieu de cette semaine 7200 abonnés, ce qui est dans les clous de nos prévisions, et nous sommes pile poil dans notre budget. Pas de surprise, juste ce qui était prévu. Maintenant nous passons, comme prévu, à la seconde phase, en lançant une campagne d'abonnement, de promotion et de recrutement, après deux mois seulement d'existence. Quant à l'ouverture d'articles en accès libre (lecture simple, sans commentaires), elle a toujours été prévue et nous avons choisi le moment où nous la mettions en œuvre. Tout comme les parrainages, ouvertes hier également. Tout comme notre objectif d'atteindre 14.000 abonnés d'ici l'automne. Pour l'heure, nous avons doublé nos abonnés en deux mois, nous avons un taux de renouvellement de 98%, 300.000 visiteurs uniques, 500 contributeurs actifs dans quelques 350 blogs et 70 éditions participatives, pas mal de scoops à notre actif, des dossiers de référence, etc. Et ce serait déjà un échec ?
Depuis le début, vous ne rendez jamais compte de ce que nous faisons (nos scoops, nos enquêtes, notre club, sa richesse, ni même des informations sur ce que nous faisons puisque ce que je viens de préciser est en une de Mediapart depuis hier et en accès libre). Vous vous contentez de guetter le moment de notre chute et de notre échec. C'est votre droit. Mais c'est aussi le mien de juger cette attitude non seulement peu confraternelle, mais très partisane, peu rigoureuse et, surtout, d'une grande indifférence aux enjeux démocratiques de l'information.
Bien à vous,
Edwy Plenel
PS: si vos lecteurs en ont l'envie, je les invite à venir découvrir, sur Mediapart, notre campagne d'information qui se déclinera, on et off line, durant toute la semaine à venir.
PS2: de même, comme vous n'en rendez pas compte alors que cela concerne toute la communauté des sites d'information indépendants en ligne, je vous invite à venir lire nos arguments pour l'obtention d'une TVA super-réduite en faveur des sites d'information payante en ligne, tout comme la presse papier.
Cher Edwy Plenel
Je me permets d'intervenir dans votre dialogue public avec Philippe Couve, en estimant, qu'en ce qui me concerne, vous ne pourrez pas avancer que le scepticisme que j'exprime – moi aussi – sur votre projet depuis l'origine ne s'appuie pas sur une observation attentive de ce que vous faite, et un réel dialogue avec certains de ceux qui le font.
C'est ceci posé, que je me permets de remarquer, une fois de plus, que vous vous posez bien souvent en victime, et que vous êtes décidément toujours prompt à qualifier votre contradicteur d'accusateur. C'est agaçant.
Votre projet reste une expérimentation, il est fragile et il présente des faiblesses. Les blogueurs qui réfléchissent en ligne sur l'avenir des médias (qu'ils soient eux-mêmes journalistes ou non) ne portent pas d'étendard, ni pour vous dénigrer, ni pour voler à votre secours. Nous observons. Point.
Vous êtes venus vous-même tardivement à internet. Vous laissez bien souvent deviner dans votre discours une appréhension incorrecte de ce nouveau média, avec des formules péremptoires bien inadaptées à ce média en métamorphose permanente, que nous sommes bien en peine, en ce qui nous concerne, d'envisager dans toute ses dimensions et ses potentiels.
Votre accusation sur une prétendue "grande indifférence aux enjeux démocratiques de l’information" me semble, par exemple, particulièrement mal venue. Surtout quand vous répondez précisément à celui qui animait, à ces Assises, le débat sur le "journalisme participatif"…
Nous avons bien des débat sur ce sujet dans la blogosphère : vous gagneriez peut-être à venir y réfléchir avec nous plus souvent.
Sur internet, l'enjeu démocratique il est bien-là. Internet se développe comme un formidable espace de débat et d'échange de pair à pair. Les internautes n'ont pas attendus les journalistes pour ça et nous ne sommes pas les bienvenus, à leurs yeux, dans ce débat.
Pour rentrer dans le jeu maintenant, après avoir laissé passer plusieurs trains, les journalistes ont très profonde introspection à mener, qui conduit directement à une remise en cause en profondeur de toutes les valeurs de cette profession. Elle n'y résistera peut-être pas.
Elle impose en tout cas aux journalistes qui veulent se faire une petite place en ligne à cesser de se placer en donneur de leçon et à apprendre la modestie.
Cher Edwy Plenel,
Je vous laisse énoncer ce que vous souhaitez, de la manière que vous jugez la plus appropriée, y compris lorsque vous procédez à des procès d'intenton sans fondement.
Merci pour la leçon concernant Hannah Arendt. Que ne vous ai-je attendu pour la lire…
Que dire?
Que je n'étais pas présent mercredi à Lille lorsque vous êtes intervenu devant les Assises du journalisme.
Oui, et je n'ai jamais prétendu le contraire.
Que dire encore?
Que je doute de votre modèle économique?
Oui.
Que cela ne m'a pas empêché de vous inviter dans <a rel="nofollow" href="http://atelier.rfi.fr/xn/detail/1189413:BlogPost:9946" rel="nofollow">l'Atelier des médias pour vous permettre d'en parler lorsque vous avez lancé le projet.
Que cela ne m'a pas empêché de <a rel="nofollow" href="http://atelier.rfi.fr/profiles/blog/show?id=1189413%3ABlogPost%3A21449" rel="nofollow">convier Benoît Thieulin (l'un des concepteurs "techniques") à venir parler de Mediapart quelques mois plus tard lorsque le projet est devenu réalité.
Je remarque à cette occasion qu'en 31 émissions, seuls deux médias ont été invités à deux reprises dans l'émission: Mediapart et le blog de Cédric Kalonji au Congo (mais de manière beaucoup plus courte en ce qui le concerne).
Que je ne parle pas de vos articles?
C'est vrai, n'y ayant pas accès, je n'en parle pas. De manière plus générale, je m'astreint à ne citer que des sources en accès libre. Je ne parle pas plus des articles et/ou émissions d'Arrêt sur images.
Que dire encore?
Que j'ai rencontré récemment l'un des membres de votre équipe qui m'a indiqué que les premiers désabonnements étaient signalés et qu'il avait pris un coup au moral.
Que constater?
Que, dessein planifié ou non, vous ouvrez une brêche dans le mur payant que vous affirmiez pourtant indispensable à l'exercice d'un journalisme de qualité. Je comprends qu'il puisse vous en coûter de reconnaître ce que de modestes "blogueurs" prévoyaient dès l'origine.
Que vous écrivez que je crie "victoire". Je ne peux que vous inviter à me relire.
Cher Edwy, je ne souhaite pas votre échec, je le redoute. Et j'espère bien me tromper.
Philippe Couve
PS. Merci à Narvic (que je ne connais pas personnellement autrement que via ses écrits sur le web) pour son intervention.
J'écris sur les médias depuis 4 ans, d'abord dans le cadre d'un contrat de professionnalisation, puis comme pigiste pour un magazine professionnel. De l'intérieur, j'ai vécu ces Assises Lilloises comme une expérience déprimante et nécessaire. Comme le dit Philippe, on prend enfin le temps de se rencontrer et de discuter de ce qui va mal, c'est vrai, juste entre nous. Je trouve que c'est le public qui a le plus fait défaut dans les ateliers des après-midi qui leur étaient ouverts. Par manque d'information (Promo minimale des Assises en dehors de Lille) ou d'intérêt (là, c'est plus problématique)? Affaire à suivre…
@ Edwy Plenel,
Je crois que vous vous trompez en vous en prenant aux trop rares personnes qui s'intéressent à votre projet.
Nous sommes nombreux à espérer que vous réussissiez, pour montrer qu'il est possible de faire du journalisme de qualité et d'investigation en ligne. La démocratie est bien en danger si ce dernier disparaît.
Mais j'ai aussi peur que vous ne pensiez réussir qu'avec les vieilles méthodes, justement aujourd'hui décriées: asséner au lieu d'écouter et échanger.
Un exemple: je garde à l'esprit le contre sens que je m'étais permis de vous signaler dans votre compte rendu de l'étude sur l'Etat du journalisme américain (poject for excellence in journalism). Même après l'avis de l'expert qui vous avait mis sur la piste et a confirmé ma version, j'ai attendu en vain une correction de votre éditorial. C'est contre ce type d'attitude que nous prenons la parole aujourd'hui.
Non un site de news n'est plus un cul-de-sac, une destination finale, mais bien, désormais, un carrefour qui mène à d'autres horizons. Les murs que vous avez mis autour de Mediapart me semblent aller à l'encontre de l'incroyable ouverture au monde que permet aujourd'hui Internet.
Bien cordialement,
Le "netocrate", pour reprendre le qualificatif dont vous m'avez gentiment affublé. J'ajouterai "newsosaure". J'assume aussi.
@Philippe, Narvic,
Pourquoi "cher" Edwy Plenel? Il est si cher que ça, son site?
Non, plus sérieusement, les critiques sont légitimes à l'égard de Médiapart, mais j'ai plutôt tendance à croire en ce projet (même si je ne suis pas encore abonné), à cause de la qualité de ceux qui l'ont lancé et aussi parce qu'il se démarque des autres.
Cette tendance à penser qu'il n'y aurait qu'un modèle, le gratuit, équivaut à baisser les bras! D'autant que le "gratuit" est un concept très vicieux!
@Eric,
Merci pour cette intervention. La qualité de Plenel et de son équipe n'est pas en cause. La qualité de leur ambition éditoriale et démocratique non plus.
Reste que faire de l'information généraliste et politique de qualité sur un site web payant ne fonctionne pas aujourd'hui.
Ce n'est pas une position dogmatique, c'est un constat empirique. Il existe peut-être des moyens de faire autrement et nous sommes en quête de ses modèles. Mais ils doivent faire avec ce qu'est la réalité du réseau, des liens, de la circulation sur le web… mais ce n'est pas à l'influent blogueur que vous êtes que j'ai besoin de le rappeler.
Pour ce qui est du "gratuit" comme concept vicieux, je ne peux absolument pas partager ce point de vue. La radio en France est un média gratuit. Et pourtant je crois qu'on peut dire que nous avons des radios généralistes de qualité qui produisent une information de très bonne tenue.
Là encore, pas de dogmatisme. Si l'on regarde l'histoire des médias, les médias généralistes ne se rémunèrenet pas avec les seuls achats de leurs lecteurs, auditeurs, téléspectateurs (et désormais internautes) depuis belle lurette.
Bon dimanche
Le mot "vicieux" est mal choisi (un commentaire s'écrit vite). Disons: c'est un concpet ambivalent et qui cache un gros mensonge. Le mensonge c'est que rien n'est gratuit et qu'au final il y a toujours quelqu'un qui paie!
Donc, la radio en France n'est un média gratuit. Europe 1 est financé par la pub et Radio France par le contribuable, en grande partie.
Je précise que je ne suis pas abonné à mediapart et que je n'ai rien à voir avec eux, mais je ne peux pas être d'accord quand tu écris: "Reste que faire de l’information généraliste et politique de qualité sur un site web payant ne fonctionne pas aujourd’hui."
Si l'information est de qualité, on peut être amené à payer pour cela, non?
Ce n'est pas parce que les site généralistes aux USA sont gratuits qu'on doit faire pareil en France: on sait qu'un site en français génère moins de visites et donc a moins de recettes publicitaires. Il faut donc chercher des ressources ailleurs.
Et Arrêt sur image, par exemple, a bien 30 000 abonnés (l'abonnement est moins cher que pour mediapart).
Cela dit, je comprends les raisons qui font douter du modèle économique de Mediapart. Et il est vrai qu'un site payant peut trouver un public dans certains secteurs (presse économique, par exemple), où certains acteurs sont prêt à payer pour une information à forte valeur; pour un site généraliste, c'est difficile… mais pas impossible!
Eric,
On est bien d'accord que quand on parle de gratuit, c'est du point de vue de l'internaute mais il y a bien financement à un moment dans le processus.
Je répète que c'est seulement un constat empririque à ce stade et qu'il n'existe pas de média généraliste payant sur le web (sauf erreur ou omission).
Le cas d'Arrêt sur images n'entre pas dans cette catégorie puisqu'on ne peut pas le définir, à mon sens, comme un média généraliste.
@Philippe Couve
Notre débat illustre parfaitement la question, pour moi centrale, de la qualité du journalisme sur Internet. Si ce n'est que du commentaire, de l'opinion et du jugement, dans ce cas, je ne vois pas pourquoi il y aurait, spécifiquement, des journalistes. Le débat, la liberté d'expression, la libre opinion, nous n'en avons évidemment pas le monopole, et la révolution numérique nous le rappelle à tout instant. Là où hier, la corporation imposait sa prétendue expertise (en lieu et place d'un journalisme de terrain et d'enquête), les citoyens, désormais, occupent l'espace sans avoir besoin de nous. Et pour moi, c'est une très bonne nouvelle, qu'illustre (c'est en accès libre, pas besoin d'être abonné pour lire) la richesse et la qualité (y compris informative!) du club participatif de Mediapart.
Face à cette révolution, il y a, comme journaliste, deux attitude possibles : survivre avec opportunisme et démagogie, inventer en se remettant en cause. Désolé (un vrai débat appelle la franchise), mais pour moi, votre façon de faire (d'informer, puisque c'est là notre métier), dans le cas d'espèce, relève de la première attitude. Le journalisme, c'est la curiosité. Or vous me paraissez bien fainéant en ce domaine, à l'image même de ce qui mine la crédibilité du journalisme dans l'opinion : pas besoin d'aller y voir, je sais déjà ce qui en retourne !
Un exemple tout simple : vous me dites, vous écrivez ici même, que vous ne vous êtes pas abonné à Mediapart alors que votre métier est la recension, l'analyse et la critique des médias sur le Net! 9 € par mois, soit 0,30 € par jour, ce serait trop cher pour vous qui êtes un journaliste installé, salarié, aucune menacé? Mais comment informer sans lire, sans voir, sans regarder? Comment juger sans se renseigner? Pour ma part, j'achète la presse en kiosque. Toute la presse. Y compris celle qui m'agace. Parce que mon métier, c'est de réfléchir à son avenir, de l'étudier, et que mon plaisir, c'est aussi de lire ce qui me contredit, me déplaît et, du coup, me fait réfléchir.
Comprenez moi bien. Jusqu'ici je n'ai jamais réagi aux critiques du modèle économique choisi par Mediapart. C'est évidemment un débat légitime, ouvert et nécessaire. Et notre aventure est un pari. Mais, là, je réagis en m'adressant non pas à un internaute, non pas à un citoyen, mais à un journaliste, dont le métier est d'informer. Et je maintient que, sur la campagne de Mediapart, vous n'avez pas informé, vous avez seulement émis une opinion, comme tout un chacun – donc pas comme un journaliste.
Un exemple, le dernier. Nous avons rendu publics vendredi les mémoires remis à la Commission paritaire des publications et agences de presse sur notre demande d'être reconnu comme un journal et de bénéficier de la TVA réduite à 2,1%. C'est un débat important, non pas pour Mediapart, mais pour toute la Toile. Car il y a beaucoup de sites soit totalement soit en partie payant, notamment dans l'information spécialisée. Et entre une TVA à 19,6% ou à 2,1%, le seuil de rentabilité n'est pas le même. C'est un débat porté à l'Assemblée nationale par un député UMP dont Mediapart publie une interview exclusive. C'est une question déjà posée par le rapport Tessier de 2007 sur la presse numérique.
Bref, pour un journaliste d'information (et non pas d'opinion), c'est une démarche qui mérite d'être rapportée. Vous savez bien que si, d'aventure, Mediapart gagnait, cela ferait jurisprudence pour tout le Web. Et de cela, alors que tout est transparent et, je le redis, exceptionnellement en accès libre, vous ne dites rien? Pour moi, cher confrère, c'est incompréhensible. Et venant après une relation déformée, incorrecte et indirecte de mes propos à Lille, vous comprendrez que cela ne me laisse pas indifférent.
Dernier point : la question démocratique. Vous êtes journaliste, c'est-à-dire que vous faites un métier qui a une particulière responsabilité en ce domaine. Or vous savez bien que l'aventure de Mediapart touche aussi, sinon d'abord, à cet enjeu. Et c'est sur ce terrain que nous demandons à être jugés. Depuis deux mois, Mediapart ne cherche pas à distraire ses lecteurs, mais Mediapart prouve que le Net peut en remontrer à la presse traditionnelle par l'exclusivité et la qualité de ses informations. Notamment dans le domaine économique et financier, c'est-à-dire le secteur le plus opaque et le plus verrouillé, la plupart des informations originales ont été sorties par nous. De cela, bizarrement, vous ne nous créditez pas, comme si ça n'avait aucune importance.
Tant que nous nous amuserons à parler tuyaux, comme l'on dit parler chiffons, toutes les puissances, économiques et politiques, qui veulent normaliser les contenus de l'information, y compris et surtout sur le Net, pourront dormir tranquilles. Et leur première victoire, c'est l'indifférence des journalistes eux-mêmes à leur responsabilité démocratique.
Bien à vous, et sans rancune !
@Narvic
Je dialogue, la preuve… Mais, dans le respect des personnes, le débat est intéressant s'il touche l'essentiel. L'eau tiède n'a jamais fait avancer la réflexion.
Je ne me pose aucunement en victime. Mais je mène un combat, sur le journalisme, sur son modèle économique, sur sa responsabilité démocratique, sa remise en cause par les citoyens, sur la façon de le pratiquer sur la Toile. Et j'ai la faiblesse de croire qu'il y a urgence. Qu'en retour, on me réponde, on critique, on débatte, rien de plus normal. Et j'ai beaucoup de respect pour votre propre attitude, pragmatique, expérimentale, sans préjugés ni a priori, vis-à-vis de Mediapart.
Mais là, c'est différent, et vous, pas plus que d'autres internautes, n'étiez aucunement visé. Comme expliqué ci-dessus, j'ai réagi vivement (donc sincèrement) à la façon de faire d'un journaliste professionnel dont l'avis compte dans la façon de relater ce qui se passe sur la Toile. Un confrère qui, de plus, enseigne le journalisme numérique, ses nouvelles écritures et nouvelles pratiques, à des étudiants en journalisme. Et je le maintiens, ce qu'a fait là Philippe Couve est, au regard des règles de notre métier, une mauvaise manière et du mauvais travail.
C'est du même tonneau que le journalisme des petites phrases et des sources anonymes en politique, que le journalisme des humeurs et des rumeurs, bref que toutes ces mauvais plis et mauvaises habitudes qui nuisent à l'image de la profession. J'aurais pu laisser dire et ne pas réagir. Mais ce que nous faisons cette semaine, et qui a été longuement mûri, n'est pas banal. Quoi qu'on en pense, c'est un petit événement dans la relation problématique entre journaux papiers et presse en ligne. Le prendre comme l'a fait Philippe Couve, vraiment, ce n'était pas fair play. C'était même plutôt un croche-pied.
Car interrogez vous une seconde. Au delà du débat légitime, je le redis, sur notre modèle économique et sur les insuffisances temporaires de notre site (car il y en a bien sûr, et je suis le premier à en faire la liste!), n'êtes vous pas étonné de la palpable crispation à notre égard qu'il y a du côté des puissances installées, adossées à la presse en crise, subventionnée et normalisée? Le Net, dans sa liberté foncière, doit-il hurler avec les loups, ou au contraire, laisser la porte ouverte aux dissidences, expériences, paris, défis, folies, etc. ? C'est toute la question que Mediapart pose, et vous pose, à tous.
Au fait, n'oubliez pas d'acheter le Journal du dimanche aujourd'hui. C'est en dernière page…
Au plaisir, et au prochain échange!
@toutes et tous
Pour votre information, ci-dessous la dépêche AFP de vendredi après-midi, reprise seulement par lefigaro.fr! N'y avait-il pas là, en développant et en détaillant, matière à information et débat?
Nouvel essai, le texte de la dépêche AFP n'ayant pas été saisi.
Le re-voici donc :
Mediapart demande un agrément
Le journal en ligne Mediapart a demandé l'agrément de la Commission paritaire des publications et des agences de presse afin de bénéficier du régime économique de la presse et d'un taux réduit de TVA, indique vendredi sur le site le directeur de la publication, Edwy Plenel.
Le journal en ligne payant, lancé en mars, "demande tout simplement à être reconnu comme un journal, ce qu'il est au regard de la loi de 1881 et des principes constitutionnels, au même titre qu'un journal papier.
Dans un argumentaire publié sur le site, Mediapart précise qu'il ne souhaite pas bénéficier de l'ensemble des mesures d'aide directes à la presse, mais seulement du "taux de TVA super-réduit applicable aux publications de presse".
"Ordinairement de 19,6%, ce taux est, pour la presse, de 2,1%", mais "ce taux est toujours refusé à la presse payante en ligne", déplore M. Plenel
AFP
Pour revenir un peu au débat initial, à savoir "à quoi sert un journaliste", je voudrais simplement rappeler qu'il existe un document simple qui s'appelle "la charte des devoirs professionnels des journalistes français".
http://www.snj.fr/article.php3?id_article=65
Sans être révolutionnaire et même si elle mérite sans doute d'être dépoussiérée, son application (dans l’idéal) permettrait selon moi d'éviter une grosse partie des critiques qui décrédibilisent à juste titre la profession : ménages de journalistes, "cadeaux" de presse, confusion des genres, publireportages déguisés, faits invérifiés…
Essayer de respecter les articles de cette charte ne demande ni courage particulier, ni qualités humaines et professionnelles exceptionnelles. Elles ne protègent évidemment pas des erreurs journalistiques… Je ne suis pas naïf. Ce n'est pas un outil miracle contre toutes les dérives…
Mais, plus que la création d’un conseil de presse ou d’un « contrôle » qualité, il me semble qu’on aurait intérêt de recentrer les obligations du journalistes autour de règles claires, écrites, et accessibles au lecteur. Une plus grande diffusion et une plus grande communication autour de cette charte pourrait permettre de remettre la question de la déontologie, et donc de la responsabilité du journaliste dans son métier. Notre serment d’Hippocrate à nous….
Cette question de la responsabilisation de la profession est à mon avis LA solution à cette crise de légitimité… Il est toujours plus facile de cristalliser cette crise autour de figures « monstrueuses » : la Sarkozie, les puissances financières, la pieuvre internet, le journalisme citoyen… que de balayer devant ses propres pratiques professionnelles.
PS : Philippe, rien à voir avec ce que je disais précédemment mais je trouve vos critiques un peu injustes envers Philippe Ridet… C'est l’un des rares journalistes politiques qui ait accepté d'évoquer son travail et son rapport au président français… Sur Arrêts sur images notamment mais également sur une double page dans son propre journal… On peut toujours ironiser…c’est assez facile…
@ l'auteur
Merci Philippe pour ce compte-rendu publié si rapidement. Il me permet de m'informer et de savoir ce qui s'est passé et dit lors de ces assises. Vous ne serez pas ma seule source d'information sur le sujet mais je suis heureux de connaitre votre regard sur la chose.
@ Toutes et tous.
J'avoue être effaré, en tant que lecteur, par ce que je lis. Philippe nous décrit une réunion de professionnels déprimés et résignés. Un vertige d'autodestruction aurait-il envahi vos esprits ? Comment ne pas être inquiet quand on lit ce billet ?
Comment ne pas être inquiet, aussi, en lisant vos commentaires ? Au moment où votre profession s'interroge, peut être comme elle ne l'a jamais fait, sur son avenir, vous vous perdez en querelles de chapelles inutiles et stériles. Reprenons.
– Mediapart :
M. Plenel, vous avez le don d'exacerber les passions. Votre ton, la manière dont vous répondez à vos débatteurs, les mots que vous choisissez même créent un climat peu propice à la réflexion de fond. Vous avez dirigé un grand quotidien, vous lancez un site web très original, comment pouvez vous perdre autant de temps dans des arguties de jésuites ? Au lieu de défendre votre bébé bec et ongles avec des arguments dits et redits, ouvrez le débat, ouvrez les portes, proposez devenir voir comment cela marche, mettez vos stats à disposition de qui veut les voir ! Vous reprochez à Philippe de n'être pas abonné, stigmatisant cette attitude comme une faute professionnelle. Etes vous, vous, abonné à tout ce qui se publie, off et online ? Lisez vous tout ? Agoravox ? (Petite boutade, encore que …)
Vous saviez que Mediapart serait un projet qui ferait débat. Votre manière de convaincre vous satisfait peut être mais vos arguments ne me donnent pas envie de m'abonner. Et si je le fais, ce sera pour d'autres raisons. En effet, 9€ / mois, c'est cher dans un monde du web où on paie très peu. Et cette somme correspond dans mon esprit de lecteur, au prix d'un site de référence. Il vous reste à me montrer que vous l'êtes, ou que vous le deviendrez.
Pour autant, je pense que le projet doit aller à son terme et nous montrer si cette voie est viable. Nous sommes peu à être convaincus. Peut être en effet que d'autres journalistes devraient étudier votre cas, sans a priori. Et en sachant dépasser votre manière de communiquer.
– La gratuité.
Telle station est financée par l'état, telle autre par un actionnaire, par la pub, par les dons, par la vente de pins, de frites, whatever. Ce que l'auditeur / téléspectateur / lecteur voit, c'est que lorsqu'il ouvre un gratuit, qu'il tourne le bouton de la radio, allume la télé, il n'a personne qui à ce moment là, lui tend une sébile.
Nous ne sommes pas bêtes au point d'imaginer que tout cela n'a aucun coût. Que les médias n'ont pas besoin de financements. La gratuité n'est pas le coût zéro. C'est l'accès sans payer au média. Alors, de grâce, cessez ces propos picrocholins sur cette notion alors que le restant de l'univers comprend fort bien de quoi il retourne.
Les médias ont besoin d'argent pour vivre. La belle affaire, c'est le cas de toute entreprise ! Le vrai débat, c'est de savoir comment, quel que soit le financement choisi – ou accessible – vous pouvez être indépendants de vos financeurs. Pub, Etat, actionnaires, tous peuvent avoir intérêt à vous contrôler,car votre métier est de parler de tout, donc d'eux aussi à un moment donné. Alors, comment faire, quelles structures trouver ? Sur ces questions, peu de réponses …
D'une manière générale, je vois un débat qui se focalise sur des points de détails. Vous parlez beaucoup de la manière de relater l'info, mais quid de ce qu'est l'info ? Pourquoi une info si peu diverse ? Ou sont les interrogations sur la manière dont on forge l'actu ? Car l'actualité n'est pas plus immanente que le marché. Elle se conçoit, se fabrique, se diffuse. Alors, pourquoi telle info au lieu de telle autre ? La question est peut être pertinente à l'heure du web où vous n'êtes plus (autant) limité par la place dans un journal papier, télé, radio. Le web, ce n'est que du fichier informatique. de la ligne de code aisément créée. Sur le web, vos lecteurs lisent ce qu'ils veulent, surfant d'un site à l'autre si facilement. L'info ne devrait-elle pas être beaucoup plus diversifiée ? Surfez quelques minutes sur lemonde.fr libe, le fig pour comprendre mon propos. N'y a-t-il rien à dire sur le sujet ?
Pour terminer, je relance un appel déjà lancé ici et ailleurs : invitez vos lecteurs, invitez vos détracteurs, invitez vos concurrents, invitez vos compléments. Pour les prochaines assises, j'aimerais tant vous voir dialoguer avec les lecteurs, blogueurs, publicitaires, financiers …
Votre métier est de nous représenter dans la quête de l'info dont nous avons besoin pour être citoyens. l'autisme et l'endogamie ne sont pas les voies les plus simples pour exercer cette si noble tâche.
Allez, après ce billet sans doute trop dur, je voudrais quand même terminer plus positivement. Si je suis dur, c'est qu'on n'est jamais plus exigeant qu'avec ceux auxquels on tient. Et je dois quand même vous dire merci, à toutes et tous, pour ce travail que vous faites au quotidien. Il est indispensable. Et je commence à en mesurer toute la difficulté.
Manuel Atréide
Cher Manuel Atréide,
1. Les portes sont plutôt ouvertes: rien n'a été caché sur l'équipe, le financement, les abonnés, la fréquentation, etc. Tout a été rendu public, très régulièrement. Et en sachant pertinemment que ça serait ausculté, débattu, commenté, critiqué.
2. Les portes seront très concrètement ouvertes les 20 et 21 juin au siège de Mediapart. Le 20 juin pour tous les abonnés qui contribuent de façon active dans les blogs et les éditions participatives, pour un séminaire de travail et de débat. Le 21 juin pour tous les abonnés quels qu'ils soient, passifs ou actifs, critiques ou contents, pour une journée portes ouvertes de débats et d'échanges informels, journée qui se terminera de façon festive…
3. Merci de vos remarques posées et réfléchies, stimulantes et constructives. Vous avez raison : sur l'état de la presse et du journalisme, plus généralement de l'information dans notre pays, et par conséquent de sa démocratie, je suis un peu en colère et j'ai tendance à partir en guerre. Un auteur que j'aime bien, référence qui surprendra sans doute certains, Charles Péguy donc, faisait l'éloge des nécessaires colères. Colères contre la résignation, l'habitude, l'indifférence, la lâcheté, etc. Pas contre les personnes, mais contre les réalités. Si vous trouvez que notre paysage médiatique est exemplaire, je serai ravi d'entendre votre démonstration. Vous le savez comme moi: nous sommes actuellement la lanterne rouge des démocraties adultes, dans ce registre.
4. Enfin, si je me suis un peu emporté, c'est que la campagne que nous lançons, d'information (la CPPAP et l'agrément) et d'abonnement (la défense de notre modèle et la mobilisation de nos abonnés), me tient à cœur. Et qu'au lieu de la présenter sereinement, notre ami Philippe Couve l'a réduite à un commentaire pessimiste et péjoratif.
@Edwy Plenel,
Eh badidon! Me faire traiter en quelques ligne de fainéant, d'opportuniste, de démagogue et finalement de journaliste pitoyable… ça me fait un bon dimanche.
Mais bon, comme vous le savez, ici comme au Panama, on a les lecteurs qu'on mérite, donc je n'ai pas à me plaindre.
Seulement voilà, ne vous en déplaise, mon post n'était pas consacré à Mediapart. Il était consacré aux Assises du journalisme. Occasion de prendre le pouls d'une profession. Dans cette optique, Mediapart n'est qu'un élément dans le paysage.
Votre colère auto-justifiée n'y changera rien. Le ton de l'invective, les pratiques de dénigrement et la posture de donneur de leçons non plus.
La question du financement des sites d'information (du régime fiscal qui leur est appliqué, des aides dont certains bénéficient) mérite effectivement d'être traitée. Ce sera chose faite en son temps.
Souffrez enfin d'apprendre qu'il existe différents type d'espaces sur le web. Et vous êtes ici sur mon blog personnel. Un espace que j'utilise à ma guise laissant à qui veut le soin d'en penser ce qu'il souhaite et même de le dire.
Comme vous m'avez l'air un peu surmené, je ne peux que vous recommander d'aller faire une petite balade dehors. Profitez-en, il fait beau.
@
ManuelJeanJe n'ai pas fait d'ironie avec Philippe Ridet. Ca me surprend d'ailleurs que les deux lignes que j'ai écrites aient été perçues comme ça. Comme quoi, on ne maîtrise pas toujours les effets que l'on provoque…
Pour voir les choses avec un peu de distance, sinon de hauteur, j'invite à lire un autre commentaire venu du Québec sur le site Mediachroniques qui vient de voir le jour et sur lequel ce billet a également été publié.
@ Edwy Plenel
L'annonce de votre démarche auprès de la Commission paritaire des publications et agence de presse n'a pas été seulement diffusée par Mediapart, l'AFP et le Figaro, comme vous le regrettez, elle l'a été aussi par des internautes, moi par exemple ;-) Et elle continue de se propager en ligne, par reprise de liens sur del.icio.us…
Je ne dis pas ça par simple boutade. Ça nous ramène précisément à ce débat sur le rôle des journalistes aujourd'hui et à Mediapart.
Je vois dans cette anecdote l'illustration de ce phénomène qui est la diffusion "virale" de l'information sur internet (le bouche à oreille sous une forme planétaire et accélérée). Ce phénomène est d'une puissance de diffusion inconnue jusqu'alors et il n'est pas maîtrisé par les journalistes (ni par personne d'ailleurs, puisqu'il s'agit d'une addition de comportements individuels, qui aboutit parfois à un effet massif).
C'est un des enjeux majeurs aujourd'hui de la nouvelle donne de la diffusion de l'information. Il devrait donc être au centre de toutes les réflexions et de toutes les expérimentations des journalistes. Mais pas à Mediapart (ni à Lille), semble-t-il…
Vous reprochez à Philippe Couve quasiment une faute professionnelle pour ne pas avoir relayé et mis en valeur cette information. Mais je suis bien tenté de dire que la faute viens de vous !
C'est vous qui – volontairement – n'utilisez pas les moyens qui permettent aujourd'hui la diffusion en ligne, en plaçant cette information au coeur d'un site en grande partie fermée, qui ne se trouve donc jamais sur les trajets de lecture des internautes qui sont donc peu nombreux à l'avoir remarquée.
Certes, l'article dans lequel vous publiez cette information est en accès libre, mais seuls ceux qui veillent sur votre site ont pu le savoir (cet article ne dispose même pas d'un flux RSS, qui aurait pu "prévenir" ceux qui ne viennent pas sur votre site tous les jours pour vérifier "au cas où", s'il y a quelque chose en accès libre…).
Vous vous êtes vous même piégé, par la logique même de votre projet. Et par la vision de l'information dont il témoigne.
Il ne vous reste plus qu'à vous raccrocher au mode de diffusion traditionnel : communiqué auprès de l'AFP, espoir d'être repris par des confrères, de manière à construire laborieusement une diffusion "à l'ancienne". Et quand vous constatez que ça ne marche pas très bien, c'est forcément de la faute des confrères qui ne font pas leur boulot.
Je m'étends sur cette anecdote, car elle est vraiment symptomatique. Comme le dit fort justement Eric Scherer ci-dessus, vous débarquez sur internet avec de vieilles méthodes. Et quand vous constatez qu'elles y fonctionnent mal, vous ne parvenez pas à identifier la source du problème.
De la même manière votre prétention à mener le combat de l'avenir du journalisme me gêne profondément. Car ce combat-là vous avez choisi de le mener dans une arrière-cour, à l'abri des regards. Libre à vous. Mais je reste persuadé que ce n'est pas du tout là que se trouve le véritable champs de bataille. Il est sur la place publique. Et c'est là aussi qu'est le véritable enjeu démocratique, bien loin de là où vous vous êtes repliés.
J'ai l'impression que votre réflexion et votre remise en cause du journalisme se sont arrêtées en chemin.
Le régime de l'information est profondément différent sur internet ce qu'il était auparavant : l'audience est flottante et jalouse de sa liberté de zapper, l'information se diffuse de manière liquide, l'accès à l'information, et notamment sa hiérarchisation, se font pour l'essentiel à travers les processus de référencement, d'agrégation et de diffusion virale.
Vous ne ferez pas revenir les internautes en arrière sur ça. La grande majorité d'entre eux ne le veut pas. Et votre projet consiste bien pourtant à lui demander de revenir en arrière…
C'est pourtant là que la bataille de la survie du journalisme se joue. C'est à ces avant-postes-là qu'ont attend les journalistes, qu'on attend qu'ils trouvent des solutions pour introduire de la vérification, de la hiérarchisation, de la documentation et de la mise en perspective de l'information, au beau milieu de ce flot gigantesque qui s'écoule, et pas dans enfermés dans un bocal.
On attend du jounraliste qu'il intervienne au coeur du buzz : qu'il vérifie ce qui circule, qu'il démente les fausses informations, qu'il démasque les manipulations, qu'il mette en valeur les informations importantes, qu'il relie l'information au contexte qui l'éclaire.
Et on ne peut faire ça qu'en étant soi-même placé au coeur du flot… sinon, comme vous en faites l'amère expérience, on n'est pas entendu.
Et pour ajouter une dernière boutade : puisque ce billet de Philippe Couve est à l'heure actuelle largement cité dans la blogosphère, notamment par de gros blogs très influents, vous allez l'avoir quand même, Edwy Plenel, la diffusion virale de votre information ! C'est en route ;-)
Il suffisait juste de trouver le bon endroit où la placer : ce blog semble un carrefour plus efficace que Mediapart…
(aparté) "@Manuel
Je n’ai pas fait d’ironie avec Philippe Ridet. Ca me surprend d’ailleurs que les deux lignes que j’ai écrites aient été perçues comme ça. Comme quoi, on ne maîtrise pas toujours les effets que l’on provoque… "
Notre blogueur Manuel n'y ait pour rien, le reproche était de moi. Une relecture + attentive de vos propos m'a convaincu de mon erreur. L'association Sarkozy-Berlusconi a du jeter le trouble dans mon cerveau en mode "dimanche". Mes excuses pour cette mauvaise interprétation. Je dois être moi aussi surmené, je vais peut-être profiter d'une éclaircie dans mon ciel breton pour faire moi aussi une petite balade…
Finalement, est-ce qu'on ne peut pas en conclure qu'un journaliste qui ne sait pas travailler avec les internautes est un journaliste inutile ?
Par ailleurs, il nous reste, heureusement, pas mal d'expérimentations à mener. Juste une affaire d'imagination et d'adaptation permanente au contexte.
Rien n'est acquis. Tout reste à conquérir. Et chaque conquête ne sera que très temporaire. Bien.
Prenons le bien. C'est une chance incroyable de faire des choses. Et peut-être même de l'information ;-)
Pourvu que Mediapart réussisse. Même si on peut raisonnablement en douter. Et que d'autres aussi, nombreux, tentent des aventures.
@Philippe : Tu as raison, on a les lecteurs qu'on mérite. Tu devrais proposer à Edwy Plenel de payer un abonnement à ton blog : y a peut-être un modèle à tester…
(le dernier paragraphe est en mode boutade, évidemment, je souligne, parce que ca va mieux en le disant…)
@ Manuel,
Désolé pour l'erreur d'attribution.
@Jean,
Merci d'avoir rectifié
Woah on croirait lire le résumé d'un meeting des éléphants du PS où les propositions concrètes pour fixer un cap à suivre sont occultées par des phrases assassines et vaines ! Faut-il que le journalisme tombe au fond du trou pour rebondir ?
Je suis avec attention tous les articles et billets sur le malaise de cette profession. Hélas les coins de ciel bleu sont très rare et il faut bien admettre que peu de d'idées sont émises pour apporter une possible rédemption. Après des Assises si démoralisante n'est-il pas venu le moment de faire le point sur ce qui marche, ce qui ne marche pas et des réformes à opérer pour retrouver une cohérence. J'ai lu et écouté avec grand intérêt les propos d'Alain Joannès et il m'a semblé y trouver beaucoup de pistes intéressantes. Le côté geek et web2.0 d'internet a bien souvent pris le pas sur le travail de fond qui est la trame du journalisme. Mediapart a choisi de ne faire que du fond en minimisant l'extraodinaire possibilité offerte par le web. N'est-il pas possible que le web et le fond soient associés? Que veulent les lecteurs, que peut-on leur apporter de plus que sur le papier, à la télé, à la radio ? Je suis un utopiste et je crois que l'avenir du journalisme est devant nous. Je vois dans le web la possibilité d'apporter des informations de qualité, traité avec les outils d'aujourd'hui (rich média par exemple). Je suis également stupéfait de constater que seul les infonautes sont au courant de l'existence de sites d'informations de qualité spécifique au net. Lors d'un sondage pas si lointain que j'avais réalisé (chez France Télévision), j'avais conclu qu'une minorité de gens connaissaient Médiapart. Il en aurait sûrement été de même avec les autres pures players. Pourquoi l'existence de ces sites n'est-elles pas mieux relayés ? Bref je me pose beaucoup de questions et c'est sans doute la raison de mon inscription à l'Atelier des médias. J'aime y lire plus de billets sur des idées judicieuses que sur des constats d'échec.
Bonne soirée à vous.
@narvic
Merci de votre réponse très argumentée, sans attaques ad hominem, qui vise juste et me/nous donne à réfléchir. Forte envie de prolonger la conversation si vous le souhaitez et de profiter de vos conseils. Mais, pour éviter les caricatures, je tiens à vous rassurer sur un point: dans la campagne en cours, le viral n'a pas été oublié, et nous nous en occupons. Vous vous en apercevrez durant toute la semaine à venir. Simplement, nous avons d'abord voulu jeter un pavé dans la marre de l'information traditionnelle, d'où la page d'annonce dans le JDD, avec ses allusions explicites (le prix – 0,30€ par jour – et le slogan – Mediapart, l'info part de là).
@Philippe Couve
Pas très participative votre façon de suggérer que ceux qui vous répondent, y compris vivement, aillent voir ailleurs. Très média traditionnel, non? Sur Mediapart, on est beaucoup plus tolérant et très "free speech". Vous devriez essayer.
@ Frédéric …
Joli commentaire, dont le ton tranche avec la teneur du débat sur Mediapart. Vous êtes rares à croire au web. Philippe, vous, Edwy Plenel, vous y etes venus. Pourtant, vous vous écharpez aussi vivement que si vous etiez issus de medias traditionnels qui regardent le web avec un mélange de condescendance et de crainte.
Il y a quand même un pas qui est en train d'être franchi. Vous connaissez le web désormais et l'accusation permanente de l'égout qui véhicule les pires rumeurs n'est pas dans vos propos.
C'est une lueur d'espoir, comme le signe que le web commence à être apprivoisé par vous.
@ toutes et tous …
Puisque les assises du journalisme n'ont visiblement pas servi à explorer de nouvelles pistes pour renouveler le métier, il est peut être possible de trouver un autre cadre, plus souple, moins officiel pour réfléchir et travailler. Je vais aller faire un tour sur l'atelier des médias. Enfin, faire un tour … me pencher sérieusement dessus.
Voir aussi ce qu'on peut faire ailleurs. Ouvrir des portes. Créer des opportunités. Et j'ai comme le sentiment que le web, avec ses formidables capacités à donner la parole à tout le monde sans avoir forcement à être physiquement présent, peut aider à la chose.
Ce serait paradoxal, non, que le web 2.0, ce participatif si décrié soit aussi là pour vous redonner la parole ! Sans vouloir me moquer, je me demande si ce n'est pas la meilleure démonstration pour votre profession que le web n'est pas un adversaire, mais un allié. Parole de rédacteur citoyen !
Allez, fin d'une journée studieuse. j'ai mes propres papiers à boucler. Car, si je ne suis pas journaliste, j'ai des choses à dire, des infos à proposer à mes lecteurs.
A demain. Si vous le voulez bien !
Manuel Atréide
Cher Philippe,
Je n'étais pas aux assises dont vous faites état dans ce post. Mais à en lire votre compte rendu, la réflexion suivante (pas plus… réfléchie que ça. Disons: une réflexion réflexe): n'est-ce pas la liste des intervenants qui, avant tout, déprime? Edwy Plenel, Jean-François Kahn, Philippe Ridet, Rachid Arhab: bienvenue camarade, la vieille garde est dans la rue! Pour ne parler que de mon équipe, il faudrait demander à Julien Bordier, à Cécile Casciano, à Anne-Laure Pham d'évoquer leurs enthousiasmes. Comme, pour L'Express "papier", à Guillaume Grallet, par exemple (voire, pour les anciens, à Renaud Revel ou Christophe Barbier). Ils ont (à peine) trente ans et font déjà le journalisme de demain (dont je ne serai probablement pas, hélas), interactif, inventif, ludique, cul par dessus tête. Une journée avec eux, ça guérit de tous les colloques, si, si.
@ Eric Mettout,
C'est malin, ça va me faire encore des problèmes avec Edwy Plenel ;-)
Vous avez raison, pendant qu'un journalisme se meurt, un autre tente de se réinventer.
Pour ce blog ; je ne suis pas journaliste, ni rédacteur ni infographiste, ni secrétaire de rédaction, simplement une folle de l'information… Je lis tous les quotidiens, le Monde, Libé, le Figaro, le Wall Street Journal, et mon préféré (comme je suis Américaine – donc svp excusez mes fautes de français) le International Herald Tribune. Mais, et c'est là ou ça coince, maintenant je les lis online, gratuitement (sauf le Wall Street, d'accord je l'achète le vendredi uniquement…) Non je ne suis pas journaliste, mais je travaille avec les médias depuis maintenant plus de 20 ans…et je suis de près ce que ce passe dans ce monde. Et je suis désolée M. Plenel, je dois dire que payer Mediapart 9 euros/mois, je ne vois pas pourquoi je le ferais. Je souhaite vraiment que vous arrivez à tenir votre pari, mais entre mes journaux que je lis en ligne, et les blogs (certains absolument passionants) je n'ai ni le temps, ni l'argent pour payer une autre source d'information.
Je comprends bien que vous défendez votre 'bébé', c'est normal, mais de là à dire que Philippe Couve est un fainéant? Alors, à votre tour de faire un tour sur son site, voir le travail qu'il fait. je dirais que c'est tout sauf un fainéant.
N'étant pas à Lille (n'étant pas journaliste) j'ai lu le compte rendu de Philippe avec intérêt – le but n'est pas de se prendre au bec et à l'ongle (sorry, here my French tends to go haywire) mais de trouver des solutions – comment faire que le VRAI journalisme soit reconnu? par des bias financier ou autre, il faut le voir, il y a un vrai 'watershed' moment ici (sorry,, je n sais pas traduire ce mot, babelfish non plus…) – et il faut qu'on se dépêche pour voir comment le journalisme, et les journalistes, peuvent survivre dans ce monde… mais dernière pensée : même dans ce monde de blogs et d'information continue, nous, les lecteurs, on arrive à distinguer ceux qui nous dit de VRAI. Ce qu'on veut, c'est de l'information informée.. je pense qu'à terme c'est nous les lectuers qui vont choisir. Donc à vous M. Plenel de nous prouver de votre qualité, de votre probisme (ça existe en français ce mot??).. mais bon, vu que c'est payant, ce n'est pas gagnant pour vous…
Mais je vous souhaite bonne chance quand même!
On va se battre pour savoir celui qui est le plus trad' ou le plus viral?
Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à être traditionnel… ni à être web2 quand il faut.
Un de mes papiers est passé dans LaCroix aujourd'hui. Pas très web2 et pourtant j'ai la prétention de croire qu'il était bon et pas "en crise" car original : un immeuble de Chisinau où habitent des réfugiés originaires de Transnistrie. (Bon ok je vais le mettre sur mon blog après)
Un autre projet est passé sur Mediapart, là aussi il était original au moins dans la forme puisqu'il mélangeait son, photo, vidéo et texte "à la Mediastorm" si vous connaissez. (Sûrement bientôt sur mon blog aussi).
Encore un autre sera bientôt en ligne, à la manière d'un web-documentaire, réalisé d'ailleurs avec Philippe Couve…
Du web, du pas web, du multimédia sur un site payant, des textes sur des sites gratuit, dans des journaux payants, etc… Des tas de gens qui lisent ses blogs et billets font la même chose (jean35 que je salue amicalament) et surtout se fichent pas mal de savoir où ça sort.
Le problème c'est de prendre son pied et de faire des trucs bien non? Les "journalistes aigris", s'ils le sont vraiment, n'ont qu'à laisser leur place (j'en cherche une justement ;-) ). Ils ne le feront pas car dans le fond ils l'aiment leur métier… moi je trouve que c'est le plus beau du monde.
qui lisent ces blogs et billets (et non pas ses blogs) pardon
Votre compte-rendu est vraiment complet alors que je n'ai pu me rendre à ces Assises.
L'avenir du journalisme est-il si "sombre" ?
Je n'étais pas à ces 2e Assises, j'étais aux premières et ça m'a suffi pour déprimer pendant deux ans…
Les causes du malaise des journalistes et de la crise de la presse sont connues et pourtant, on continue comme avant… Qu'on me cite ou qu'on me trouve un journal (papier) qui a changé radicalement sa façon de traiter et de publier ses informations, dans le but de s'adapter à un public plus exigeant, plus jeune, plus critique et pluri-informé.
Je ne vais pas le citer par correction mais dans mon canard, rien ne change. Rien. Tout simplement parce qu'aux manettes, ce sont toujours les mêmes et qu'ils sont incapables, par atavisme, de procéder aux réformes qui s'imposent pour permettre la diffusion plus rapide et plus ciblée de l'information.
Moi personnellement, je ne sais plus quoi faire. Je regarde ce qui s'écroule : des titres centenaires que tout le monde connait (tout le monde). Je regarde ce qui se construit : des aventures, des expériences mais que personne ne lit (et franchement croyez-moi, au delà de notre cercle de drogués de l'information, personne ne connait Rue89, MediaPart ou XXI – A un moment, faut quand même poser la question du public touché par un média).
Au final, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on va y perdre au change.
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